L'histoire :
Depuis sa plus tendre enfance, la petite Olivia a un ami imaginaire d’apparence très inquiétante : une femme chevalier, en armure, dotée d’une longue chevelure blonde, qui a la fâcheuse manie de porter sa tête décapitée sous le coude ou entre ses mains. Durant la petite enfance, Olivia en a très peur. Mais un jour, alors qu’elle se trouve seule dans un coin de campagne, elle ose aborder ce « fantôme » pour lui parler. La femme chevalier est surprise : elle ne pensait pas que la gamine pouvait la voir ! Elle lui dit qu’elle s’appelle Sierra et qu’elle est pacifique. Elle est damnée pour l’éternité à devoir veiller sur des vivants… et toute la vie d’Olivia, elle sera donc une chevalier protectrice, à son service. La première chose que lui demande Olivia, c’est de remettre sa tête sur ses épaules, comme tout le monde, quoi ! Sierra s’exécute volontiers. Un autre jour, durant une grosse averse, Olivia vient en aide a Sierra, en lui apportant... un parapluie. Mais à ce moment, la femme chevalier s’est encore disjointe la tête, et cette apparence effrayante fait fuir Olivia. La frayeur que lui inspire Sierra va pourtant rapidement s’estomper, à mesure qu’Olivia et elle feront connaissance. A mesure que passe sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire de femme chevalier à la tête coupée, plus proche du fantôme « réel » que de l’ami imaginaire, est pour le moins originale. Elle appartient assurément au registre du conte fantastique, bien qu’on en cerne difficilement la morale in fine. L’autrice espagnole Xulia Vicente a semble t-il son rond de serviette chez Les aventuriers de l’Etrange, et elle est coutumière de ces histoires fantastiques, métaphoriques, légendaires, en parfait accord avec la ligne éditoriale de la maison. Néanmoins, on reste un peu sur sa faim à la lecture de cette histoire. On attend longtemps qu’un propos central se dégage (de la difficulté à devenir adulte ?), ou de connaître l’utilité pragmatique de cet ange gardien protecteur sur un destrier médiéval. Voire encore, d’en apprendre plus sur la raison de cette tête coupée. Mais non. Sierra accompagne Olivia durant sa vie « standard », au détail près qu’Olivia se révèle homosexuelle, si tant est que cela soit hors norme. Elle interfère légèrement dans sa vie, en général pour papoter, mais sans grande portée philosophique. Elle ne la protège jamais vraiment d’un quelconque accident. Bref, on attend que ça démarre, qu’une dimension spectaculaire se mette en adéquation avec cette tête coupée… mais ça ne démarre jamais vraiment, tout parait un peu « gratuit » et ça se termine sur une pirouette surprise. Graphiquement, la griffe artistique oscille entre un semi réalisme jeté, avec une économie de décors, et des expressions de visages « super-deformed », dignes des mangas. Le découpage est aéré, parfois avec des séquences muettes, ce qui confère à l’album un temps de lecture relativement rapide.