L'histoire :
Il y a bien longtemps, avant que la vie n’apparaisse sur Terre, évoluait, dans les marais d’amnésie, toute une ribambelle d’animaux désormais oubliés. Faune originelle, ils fondent pourtant la genèse de notre monde : le buroûboû, pour célébrer le ciel, inventa le cerf-volant, tenant l’animal aux longs bois par un fil ; le nasdak, qui ne supportait pas que l’on touche à sa source d’eau, fut l ‘« ennemi des ressources humaines » ; le zermétique, lui, eut l’honneur d’être le premier vieux con sur terre. D’autres eurent cependant moins d’influence : le Gniwa, l’oiseau qui cachait le soleil levant, le Furlufu et la Flatatoune, qui s’interrogeaient sur la couleur des yeux de leur progéniture, ou les Globuleux, et leur mémoire phénoménale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A feuilleter cet ouvrage pour la première fois, une observation fuse : belle édition que celle des Cahiers Dessinés et leur austère couverture, pour ce recueil de dessins d’enfants ! Surpris de ce contraste, l’on lit les préfaces du Catalogue, signées des dessinateurs Siné et Zep et du journaliste Sorj Chalandon, qui en louent la puissance, jusqu’à l’identifier, pour le premier, à la huitième merveille du monde… Alors plongeons dans ce bain de jouvence, nous verrons bien. Chaque page dresse le portrait d’animaux qui forment peu à peu un farfelu bestiaire, aux noms tout droit tirés du Prince de Motordu, et dessinés au feutre que l’on imagine sortis un à un de la boîte Crayola®. A la manière des contes explicatifs, Gérald Poussin invente, armé de ses calembours, les réponses à nos questions existentielles : qui a inventé la salle d’attente ? D’où vient l’expression « un cheveu sur la lande » ? Qui fut le premier tapir volant ? Et dans cette nouvelle Genèse, au commencement était la couleur : « Observez ces pigments […] sur l’étang, ils vont donner naissance par évolution aux scarabées… Et par bonheur, des milliers d’années plus tard aux Beatles… Yeah !!... » Apologie de la naïveté, du rire simple, du retour à l’origine, au temps où l’on s’inventait des langues, où l’on se délectait de nos doigts pleins de peinture, où les adultes, c’est nul. Et les adultes, pour cet ancien d’Hara-Kiri et de Charlie Mensuel, ce sont aussi les inventeurs du béton, du pétrole, de l’économie de marché, dont on voit poindre la critique au cœur de ce monde bariolé. Mais au final, si certaines trouvailles juteuses et quelques moments de poésie auront invité au sourire, ils n’auront pas égalé les jardins suspendus de Babylone…