L'histoire :
Dans un futur proche, l’humanité a été décimée par un violent virus. A Washington, une frange de rescapés s’est alors organisée en plusieurs factions armées, « la division », pour lutter contre une autre frange dotée d’une mentalité plus violente et revancharde, les laissés-pour-compte de la société d’avant, qui se font appeler « les hyènes ». Les deux franges de la population se livrent dès lors à une interminable guérilla armée dans une immense friche urbaine débarrassée de toute circulation routière et de tout réseau. Dans ce contexte, quatre amis d’enfance ont suivi des destinées divergentes. Bruce a rejoint les rangs de la division, où il dirige de manière expérimenté des commandos d’action. John a quant à lui rejoint les hyènes… mais il n’est pas le plus radical d’entre eux. D’ailleurs, il conserve son amitié et sa protection à ses anciens amis, dont John, un geek noir de peau, qui se retrouve un peu coincé entre les deux factions. Enfin, il y a – ou plutôt il y avait – Janis, une fille super jolie, au tempérament de feu, dont les trois autres étaient tous un peu amoureux… avant qu’elle ne disparaisse subitement, sans raison. Tous quatre communiquent par le biais d’un ancien système de « beeper », des petites interfaces digitales fonctionnant sans réseau, et permettant de s’envoyer des messages courts. Par ce biais, par exemple, Bruce tire John d’une exécution inique par les hyènes, avec l’aide distante de Mike…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenu dans une ville de Washington post-apocalyptique dénuée de zombies, mais pas vraiment de guérilla urbaine, de pillages, d’exécutions sommaires et de perte totale d’humanité. La division est issue du jeu vidéo Tom Clansy’s The division, édité par Ubisoft, et donc logiquement adapté en BD sous la bannière des Deux Royaumes. Et cette adaptation n’a pas été confiée à n’importe qui : le scénariste chevronné Jean-David Morvan tire sans doute le meilleur de cet univers urbain, violent et dystopique, en le raccrochant à une histoire d’amitié entre quatre adolescents jadis unis comme les doigts de la main (moins un doigt…), et séparés par les circonstances une fois devenus adultes. On ne vous « divulguachera » certes pas la teneur de leurs rapports, ni leur potentiel rapprochement à l’œuvre – une trame certes classique dans le thriller, mais ici efficace. On soulignera en revanche la psychologie de personnages cohérente, les dialogues soignés, la narration mature, l’univers désespéré prégnant, et le dessin réalisé en mode studio par « The Tribe », derrière lesquels se cachent : Scie Tronc (storyboard, dessin et lettrage), Rafael Ortiz (dessin et encrage), Rey Macutay (les flashbacks et les visages en gros plans), Hiroyuki Ooshima (couleurs et montages divers), Claudia Checcaglini (couleurs des flashbacks), Eloïse de la Maison, Séverine Tréfouël (aplats de couleur) et Gérald Parel (la couverture). Sans atteindre des sommets graphiques dans le style réaliste, cette collaboration hyper morcelée ne nuit ni à la fluidité, ni à l’équilibre visuel, une prouesse qui mérite d’être souligné.