L'histoire :
Malgré sa condition sociale misérable, Sauda Cardeal, 19 ans, issue de la favela brésilienne de Rocinha, est devenue une hackeuse de haut vol. Au terme de ses études, elle est revenue dans son quartier pour tenter d’y restaurer un minimum d’ordre et de morale… mais elle est tombée dans un horrible piège. Son propre petit frère, Sebastiào, camé au dernier degré, en a été l’appât volontaire. Les responsables politiques corrompus, les forces de polices véreuses, les chefs de gangs ignobles, tous se sont ligués pour lui faire passer quelques années de taule, afin qu’elle n’empêche pas Rocinha de s’équiper du réseau ctOS, un réseau de surveillance, de téléphonie et de drones ultra novateur. En réalité, ce maillage est surtout pratique pour optimiser le trafic de drogue. Sauda a été arrêtée par les lobos (des milices de police très violentes) et emprisonnée pour de longues années. Quatre ans plus tard, Sebastiào lui-même organise l’évasion de sa grande sœur. Il est sevré et partiellement rangé de son gang, toujours dirigé par Dono. Il a besoin de se racheter et propose à Sauda de l’aider à remonter la pente. Il l’emmène pour cela dans un QG caché dans un bunker, où Sauda retrouve ses jeunes amis Gabriela, Micael et Joào, qui ont bien grandi. Avec l’aide du collectif de hackers DedSec, ils ont monté un centre informatique et se sont formés à quelques technologies de piratage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome plantait un contexte original, au confluent du thriller social et mafieux dans les favelas de Rio, et du cyber-thriller de légère anticipation. Cet univers est issu du jeu vidéo éponyme développé par Ubisoft, et dont les éditions Les deux royaumes sont l’émanation BD. Précisons, à ce niveau de notre chronique, que nous ne connaissons pas le jeu. Le potentiel immersif, par la narration et les qualités graphiques de cette série, en tant qu’œuvre séquentielle, est notre centre d’intérêt premier. Or la série BD Watch dogs a beau être le dérivé d’un produit ludique à succès, elle n’en demeure pas moins parfaitement prenante et autonome. On retrouve certes le système ctOS et le réseau DedSec, tous deux éléments du jeu, mais le cadre de Rio est nouveau et les personnages originaux. Surtout, le dessinateur Horne n’est pas le premier venu. Sa griffe mature, stylisée dans son réalisme, ajoute beaucoup de dynamisme au rythme et s’inscrit dans la modernité nécessaire au sujet. L’intrigue mâtinée de polar et de politique, parfaitement mise en place au tome 1, trouve une conclusion tout aussi enthousiasmante dans ce tome 2. L’héroïne Sauda a des comptes à régler ; or étant donné l’ambiance de violence et de corruption, cela ne se passera pas sans douleur. Au-delà du thriller, la question sociétale de fond est celle de la technologie informatique en tant que progrès, mais aussi en tant qu’outil vicié par les réseaux mafieux. Vous avez 4 heures, et on ramassera les copies.
