L'histoire :
Ava Granger est une détective privée qui fait survivre tant bien que mal son agence depuis la mort de son mari. Ce jour là, appareil photo à la main, elle surveille des activités suspectes de déchargement de fûts métalliques dans une décharge automobile. Elle est en mission pour le compte d'une association de protection de l'environnement qui soupçonne un trafic de déchets toxiques. Mais tout à coup, un homme qui dormait dans une des épaves tout près d'elle sort de son sommeil, risquant de la faire repérer. Très vite, les mafieux qui étaient en train de décharger les fûts entendent du bruit et les menacent d'une arme. Le lendemain, la police découvre sur place le cadavre de six hommes du clan Agnese, imaginant évidemment un règlement de comptes avec une famille rivale. Ava a pris la fuite avec l'inconnu de la voiture, un grand indien Navajo nommé Lenno. Ils savent très bien qu'ils vont être poursuivis pour ce qui vient de se passer, et ils doivent élaborer un plan. Contacter la police ne semble pas possible pour l'ancien soldat du Vietnam. Or très vite, ils ne vont plus avoir la maîtrise de leurs choix...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un premier album qui décoiffe et sort de l'ordinaire, par un jeune dessinateur italien étonnant, du nom de Riccardo Colosimo. Son travail rappelle d'entrée de jeu les très belles planches de l'extraordinaire série Gung Ho, ou le travail d'Arthur de Pins sur Zombillenium. Colosimo va un cran plus loin en osant des cases de pur mouvement où les silhouettes se fondent dans l'action et le décor. C'est osé, mais c'est beau ! Le scénario d'Isabelle Mercier est vif, les lieux et les personnages se succèdent avec fluidité, avec une petite pointe de naïveté dans l'intrigue, dont les rebondissements ne sont pas forcément très crédibles. Mais la base est suffisamment simple et solide, et l'énergie de Colosimo suffisamment communicative pour qu'on passe un très bon moment. Quelques pages sont presque abstraites sous l'effet de ces formes qui se fondent dans l'action, et de ces silhouettes dont les contours sont parfois dessinés par les seules différences de couleurs. Mais lorsque c'est nécessaire, notamment pour les portraits en gros plan des parrains mafieux, son talent expressif explose, avec une force étonnante. L'union improbable de Mike Mignola et Lorenzo Mattotti. Une belle découverte !