L'histoire :
Catalogne, printemps 1982. Augustin retrouve ses collègues de travail au café. Autour de la table règne une certaine inquiétude. L’usine de textile dans laquelle ils travaillent est en fâcheuse posture, les deux patrons ayant abandonné l’entreprise. Depuis deux mois, les salaires n’ont pas été versés et ce n’est pas la peine d’attendre des indemnités de licenciement ni même des allocations chômage. Le pays est en crise et l’emploi se fait rare : partout, on réduit le personnel. Même si ces salopards de patrons n’ont plus d’argent, ils continuent à payer l’eau, l’électricité et la location de l’usine. Le concierge peut aider Augustin et ses amis à investir les lieux. Il reste de la marchandise, des planches d’impression pour faire du bon boulot : les ouvriers pourraient imprimer gratuitement les tissus et les revendre aux chiffonniers et commerçants. La décision est prise, ils commenceront dès demain à 6h00 du matin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les remarqués El Boxeador et Max les années 20, les éditions du Long Bec publient pour la France un album de Rubén del Rincón sorti en 2012 en Espagne. Avec Cachemire, l’auteur retrace l’histoire de son père et de ses collègues qui ont du faire face à la fermeture brutale de leur usine de textile. Afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles, les salariés vont prendre leur destin en main et créer une coopérative. Cette histoire, bien qu’elle se déroule dans les années 80, est encore tristement d’actualité dans un contexte économique morose teinté de fréquentes fermetures d’usines. Cet album met en exergue la volonté de ces ouvriers de se battre, de rester maîtres de leur destin, les périodes de colère et d’angoisse pour ces pères de famille qui doivent trouver des solutions pour survivre, tout en préservant l’insouciance de leurs enfants. La dignité de ces hommes, leur courage et leur cohésion sont leurs principaux atouts. Malgré la gravité du sujet, ce récit est porteur d’espoir : Rubén del Rincón conclut son album par une interview de son père et donne des informations sur la destinée de cette coopérative. Le graphisme est vif et assuré, accordant aux personnages des traits anguleux qui accentuent les émotions et la gravité du contexte.