L'histoire :
En octobre 1866, Albert Griffin se rend à la maternité de l’hôpital londonien St Mary. Son épouse lui présente Jack, son fils, qui vient de naître : il est albinos. Griffin noiera son chagrin dans l’alcool et ne s’attachera jamais à ce drôle de gamin au physique repoussant. Neuf ans plus tard, Jack est la cible des quolibets à l’école. Les autres enfants lui jettent des cailloux. Introverti, complexé par ses cheveux blancs et ses yeux rouges, Jack est malheureux… et il ne peut guère compter sur l’amour paternel pour surmonter son mal-être. Cela ne l’empêche pas de poursuivre de brillantes études de chimie. Adulte, alors que sa mère vient de mourir, il demande à son père de subventionner les recherches très prometteuses qu’il mène. Son père le méprise, lui oppose une fin de non-recevoir et lui présente ses adieux. Jack se réfugie dans son laboratoire et s’enferme dans ses recherches, tandis que son quartier de Whitechappel est hanté par un mystérieux tueur en série qui se fait surnommer « Jack l’éventreur ». Or ces recherches portent rapidement leur fruit : à l’aide de quelques gouttes d’une substance qu’il a produite, il parvient à faire entièrement disparaître un mouchoir brodé ! Il déteste tellement l’image qu’il se renvoie de lui-même, qu’il teste aussitôt la chose sur lui… Et il disparaît ! A ce moment précis, son logeur, Mr Bunddle, toque furieusement à sa porte pour lui réclamer plusieurs semaines de loyer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Roman culte et fondateur du genre fantastique, L’homme invisible de HG Wells n’en finit pas de susciter des adaptations. En 2017, c’était celle très fidèle du duo Dobbs/Régnault (Glénat) ; en 2018, voici une version quelque peu réarrangée par Fred Pontarolo, aux Editions du Long Bec. Et aucun bédéphile mâle n’a oublié la transposition très libre et libertine de Manara dans les années 80 (Le parfum de l’invisible). Dans le premier volume du nouveau diptyque du Long Bec, Pontarolo reste lui aussi assez fidèle à la trame générale de l’œuvre originale. Il se permet juste de la raccorder avec le mythe de Jack l’éventreur – un serial-killer décidément indispensable aux thrillers de l’ère victorienne – ce qui colle fort bien au caractère violent et misanthrope du personnage de Griffin. Et il lui accorde une enfance et une jeunesse tourmentées, en commençant le récit à sa naissance. Pour le reste, le lecteur qui connait l’histoire ne sera guère surpris par la traque dont est victime cet escroc, qui dissimule son invisibilité sous des bandages et des postiches. Outre le décorum d’époque ici fort bien rendu, à travers un dessin stylisée et des teintes grises, ocres et sépia, le plaisir du dessinateur se focalise sur la représentation de ce qu’on ne peut voir. Toute l’intrigue est focalisée par ces moments où le corps transparent de Griffin est agrippé fermement par divers poursuivants stupéfaits… Une grosse originalité de façonnage vient aussi de la couverture cartonnée de l'album, dans laquelle une forme de buste est découpée pour faire voir les entrailles du personnage (situées derrière, en page de garde).