L'histoire :
Brewery City est une ville tranquille et agréable à vivre, à l’exception d’une journée particulière : le solstice d’été. En effet, depuis 11 années, tous les 20 juillet, Mickey-le-fossoyeur vient réclamer une rançon de 6 millions à la municipalité. Chaque année, les forces de l’ordre essaient de s’opposer à lui et à ses deux robots destructeurs… mais chaque année, Mickey finit par avoir le dernier mot et par repartir dans sa tanière avec 6 millions d’euros, non sans avoir semé la mort et la désolation. Le maire actuel, Daniel Siegel, décide de changer de stratégie, non sans cynisme. Il propose en effet à un groupe de super-héros déchus, dépressifs, malades ou alcooliques, qui dépérissent dans un hospice, de s’attaquer au fossoyeur. S’ils réussissent, ils gagneront une pleine et entière réhabilitation, un profil redoré de héros aux yeux des concitoyens. S’ils échouent, c’est le casse-pipe assuré. Mais l’avantage, c’est que personne ne les regrettera. Le recrutement et la motivation des super-héros sont confiés à Victor, alias Regeneraman, dont la capacité de régénération sera bien utile. Ce dernier compte sur son ami Fastrunner (qui se meut à la vitesse de l’éclair), sur Léonard et son don de persuasion (mais qui souffre de narcolepsie immédiate dès qu’il y a trop de monde autour de lui), sur Lara et ses puissants bras élastiques, et enfin sur une fillette capable de pyrokinésie (enflammer ou exploser à distance)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quitte à faire dans le fantastique avec des super-héros et des supers-pouvoirs débridés, autant en profiter pour créer un contexte contemporain quelque peu décalé. C’est sans doute sur ce postulat que Fabrice Linck a érigé le scénario des Imprévisibles, un one-shot au façonnage proche des comics, présenté dans une édition souple, petit format et en noir et blanc. D’ailleurs, on découvre d’emblée la petite ville de Brewery City, plus américaine que réellement alsacienne – le postulat de base des éditions du Long Bec. Son maire est le pire des politicards arrivistes et cyniques, et ses très nombreux super-héros sont forcément déchus et dépressifs. Un super-vilain aux motivations obscures (nous les comprendrons à la fin) en profite pour exercer un super-racket improbable, qui fonctionne néanmoins depuis une dizaine d’années. Le contexte étrange, ainsi que les personnages barrés et leurs rapports complexes, sont présentés dans la longueur, au gré de flashbacks, de digressions, d’une narration punchy et un peu échevelée… mais au final tout se tient. La fantaisie fonctionne plutôt pas mal, sans autre prétention que le divertissement et l’exercice de style façon « Ligue des maniaco-dépressifs extraordinaires ». Cette intention profite en tout cas du coup de crayon dynamique et spontané de l’italienne Vanessa Cardinali, parfaitement raccord et cohérent avec ce registre bondissant. Notons que les auteurs ont précédemment déjà été associés sur Wild Wild East (que nous n’avons pas lu), chez le même éditeur.