L'histoire :
Mer d’Aral : A cheval entre l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, la mer d’Aral s’est vidée de ses eaux dans le courant des années 90. La catastrophe environnementale a laissé place à une vaste étendue désertique, sur laquelle se sont parfois retrouvées échouées des carcasses de bateaux rouillés. Des villages de pêcheurs abandonnés sont désormais séparés par d’immenses plaines salées. Dans ce paysage de désolation, on croise parfois des individus à pied, entièrement recouverts d’habits épais, pour les protéger des vents. Les rares pêcheurs qui transportent leurs barques de lacs en lacs, à bord de gros trucks, en croisent parfois. Ils se demandent qui peut bien évoluer dans un tel environnement. Ah, si seulement ils pouvaient se douter de l’incroyable phénomène qui se produit…
Un bœuf sur le toit : Un homme découvre qu’un bœuf s’est tranquillement installé sur le toit de sa maison, en pleine ville. Après tout, ça n’est pas interdit…
Habiller les morts : Un mort se fait quelques réflexions. Cela l’agace que les défunts soient définitivement vêtus par les pires vieilles fringues dégotées par leurs familles. Et qu’ils aient souvent des fleurs fanées – ou pire, en plastique ! – sur leurs tombes.
L’inauguration du canal de Panama : Une jeune fille de 14 ans attend (toute sa vie) d'être invitée à l’inauguration du canal de Panama…
L’art oublié de la nage à contre-courant : Un vieil homme se souvient du centre dédié aux saumons, construit par son grand-père, pour entraîner ces poissons à nager contre le courant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce recueil contient cinq histoires courtes, dont trois vraiment très courtes, réalisées par un duo d’auteurs portugais. La première histoire – la plus longue – donne son titre au recueil et elle est sans doute celle qui montre le plus de puissance évocatrice. L’incroyable désert jonché de bateaux rouillés, qui remplace aujourd’hui la Mer d’Aral, constitue en soi un décor post-apocalyptique authentique et idéal pour la mise en scène d’une dimension fantastique quelque peu flippante. Cette historiette vaut surtout pour son dessin appliqué et ses vastes panoramas inquiétants ; bien plus que pour le twist final que nous tairons, mais qui aurait mérité bien des développements pour ne pas nous laisser sur notre faim. La dimension écologique est surtout suggérée, mais l’ampleur du désastre mis en scène suffit pour nous la faire partager. Dans d’autres registres radicalement différents et hétéroclites, les quatre autres histoires surfent largement sur l’absurde et peinent à convaincre par leur propos bizarres ou très courts. Le summum étant atteint par cette histoire de bœuf sur le toit, et d’inauguration du canal de Panama, qui ne racontent… vraiment pas grand-chose. L’attention vestimentaire qu’on porte aux morts peut à la rigueur être porteuse de sens… Tout comme l’idée du centre d’entrainement pour saumons, pour le moins originale et picaresque, à défaut – une fois encore – d’être porteuse d’un propos bien identifié. Aux manettes des scénarios, Jose Carlos Fernandes n’est pas mort en 1938, comme l’affirme la fausse biographie foutraque finale. Le dessinateur Roberto Gomes varie quant à lui beaucoup son registre graphique et montre sur la 1ère et la dernière historiette un style abouti et séduisant.