L'histoire :
Mignonne et calculatrice, Sandra Doell est prête à aller très loin pour coincer deux flics ripoux. Elle les suspecte en effet d’être le « gang des moisis », ceux qui ont piégé son frère, ceux qui l’ont envoyé 10 ans en taule, en ayant planqué au passage un joli pactole. Elle séduit donc l’inspecteur Achille Lehman dans un bar et couche avec lui, plusieurs jours durant, juste pour l’espionner lorsqu’il compose la combinaison de son coffre-fort. Puis alors qu’il dort, elle récupère à l’intérieur du coffre une petite boîte et s’enfuit. Hélas, elle croise sur le palier de l’appartement son acolyte ripoux, l’inspecteur Yvan Millot, qui décèle immédiatement la traitresse. S’ensuit alors une course-poursuite haletante en ville, puis en voitures sur la RN83. Les ripoux la rattrapent et, à grands coups de pare-chocs, provoquent un accident. L’Alpha-Roméo de Sandra part en tonneaux et se stabilise sur le toit, sur le bas-côté. Sandra se réveille dans une chambre de motel, le long de la RN83, en ayant mal partout. Elle y fait la connaissance de la jeune femme qui l’a recueillie, la propriétaire des lieux, prénommée Claire. Elle lui explique toute sa situation, ignorant que les deux ripoux sont eux aussi entrés dans le motel, à sa recherche. Mais il est bizarre, ce motel, avec ses interminables couloirs délabrés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A moins d’être natif de l’Est de la France, il faut lire les petites lignes en bas de la quatrième de couv’ pour comprendre ce que signifie RN83 : une Route Nationale traversant la France de Lyon à Strasbourg. Indice : cet album est édité par les alsaciennes et régionalistes éditions du Long Bec. Ces petites lignes explicitent également l’intention de cette série regroupant des one-shot indépendants et œuvrant dans des registres variés. Chacun mettront en avant des lieux chargés d’Histoire ou de rumeurs, jonchant les abords de cette fameuse National 83. Pour l’inaugurer, Fabrice Linck scénarise un court thriller fantastique (osons révéler le qualificatif) en marge des sentiers battus. Usant jusqu’à la corde de voix off et d’ellipses, le rythme narratif emprunte en effet des chemins détournées afin de jouer avec le suspens. De fait, si vous ne comprenez pas tout au prime abord, si des passages vous semblent bancales ou qu’il manque des pages, c’est normal : la révélation finale remet en cohérence les tenants et les aboutissants de ce récit original. Résultat : on s’accroche à ce scénar’ pas comme les autres en raison de ses non-dits piquants, à défaut d’être pleinement convaincu par sa révélation scénaristique, finalement très commune. Il permet toutefois au dessinateur Federico Volpini de s’en donner à cœur joie dans les ambiances, les contrastes clairs-obscurs complétés d’aplats de couleurs selon un nuancier restreint, les séquences chocs et leurs lignes de fuites à profusion.