L'histoire :
Léo et Paul, deux acteurs engagés au sein d’une troupe de théâtre ambulant, sont suffisamment mauvais pour récolter des jets de tomates pourries, alors qu’ils donnent une piètre représentation de Cyrano sur la scène de Motherwood. Dans la rue jouxtant le théâtre, ils font l’amer constat que leur vie est nulle… lorsqu’ils aperçoivent une jeune femme en train d’être agressée par des brigands masqués. Ils interviennent aussitôt et Léo se révèle un extraordinaire combattant aux poings. Tapi à un coin de mur, un quidam noir reconnait en ce bagarreur Robert Tripp, l’ex-meilleur chasseur de primes de la région, auquel il doit rendre quelques comptes. Pendant ce temps, la jeune femme, Stella, remercie ses sauveurs en leur offrant un dîner. Elle leur propose de lui servir d’escorte : elle et son robot de compagnie doivent se rendre à Roadburg pour affaires et il semble qu’on cherche à l’en empêcher. 2500 dollars chacun leur sont promis… autant dire que Paul accepte de bon cœur, sans se soucier une seconde des dangers. Par télégraphe, une rousse prénommée Ophélie prévient aussitôt Eagle-Eye Schuller, le « bienfaiteur » de Roadburg, de l’évolution de la situation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Présenté comme un « western rétro-futuriste », Wild Wild East est l’album introductif d’un tout nouvel éditeur venu de l’Est : les Editions du Long Bec (spécialisées, pour la faire courte, dans « la BD alsacienne »). Ce one-shot sans prétention inaugure aussi la collaboration entre le scénariste Fabrice Linck et la dessinatrice italienne Vanessa Cardinali, qui donnera ensuite Les imprévisibles. L’éditeur classe judicieusement l’aventure au sein de la non moins récente collection Anachronik, tant le décorum se montre fantaisiste. En effet, des robots bizarroïdes accompagnent ici les cow-boys, dans un décorum inspiré de villes alsaciennes, avec des noms dé-germanisés (roadburg pour Straßeburg). Cet univers atypique mâtiné de steampunk sert de cadre à un vague guet-apens truqué dans lequel tombent deux amis au passé trouble… Or on doit bien avouer que la cohérence de leurs destins, loufoques et légers, semble avoir été construite « en allant ». En tout cas, la finalité de l’aventure emballe clairement moins que son contexte bon-enfant et pittoresque. Ce canevas est néanmoins idéal pour que Cardinali puisse exprimer son dynamisme graphique et mettre en scène des péripéties mouvementées et variées, accompagnées d’une colorisation décalée. A l’Est, il y a donc finalement du nouveau…