L'histoire :
Paul-Emile Victor n’a que 7 ans lorsqu’est déclarée la première guerre mondiale. Il est le fils d’une riche famille industrielle spécialisée dans la confection de pipes, dans le Jura. Mais en ce contexte belliqueux tendu, les origines austro-hongroises du père de famille Eric Victor lui valent quelques soucis avec la justice : il est injustement accusé d’espionnage ! La famille est obligée de fermer l’usine et de quitter la petite ville de Saint Claude pour emménager à Lons Le Saunier. Le jeune Paul-Emile peut alors profiter d’une belle demeure, la villa Bernard et de son parc. Il aime se réfugier dans la petite grotte sous le sapin, pour y lire pendant des heures des récits d’exploration. Son modèle : Ernest Shackleton, qui a conquis le pôle Sud à bord de l’Endurance. L’adolescent grandit et s’épanouit en pratiquant le ski et le scoutisme. En 1925, il est chef de sa meute, baptisé « Tigre souriant ». La même année, il obtient son bac au lycée Rouget-de-Lisle de Lons-le-Saunier. Il s’interroge sur son avenir : il n’a aucune envie d’hériter de l’entreprise familiale et d’être un fils-à-papa. Il poursuit néanmoins ses études à l’Ecole Centrale de Lyon, puis à l’école d’hydrographie de Marseille en 1928 : il veut apprendre à naviguer. Il fait d’ailleurs son service militaire dans la Marine à bord du porte-avions Béarn…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de cette biographie en BD, qui en comptera 4, couvre les années de 1907 à 1935, c’est à dire la jeunesse et le premier hivernage en étude ethnologique au Groenland parmi les eskimos du célèbre explorateur et écrivain Paul-Emile Victor. Les scénaristes Stéphane Dugast et Stéphane Niveau s’obligent à une narration très factuelle et technique, qui montre un grand respect pour l’exercice de la synthèse relativement exhaustive. En lisant cette biographie BD, vous ne raterez donc pas grand-chose de la vie de P.E. Victor… malheureusement, vous aurez peut-être aussi du mal à vibrer, car la narration est de fait un peu plate, avec beaucoup d’encadrés descriptifs. Le dessin s’appuie vraisemblablement sur une grosse documentation pour les bâtiments et les villes, richement dépeints. Le dessin de Laurent Seigneuret a étrangement tendance à représenter au début les personnages de dos, ou la tête tournée, comme s’il était affecté par une pudeur respectueuse zélée… Mais après une quinzaine de pages, ça s’ouvre enfin à l’humain. Il faut dès lors souligner la petite performance du dessinateur qui, dans un style réaliste certes tout à fait académique, parvient à donner le souffle épique idoine lors du premier hivernage groenlandais (la seconde partie de l’album). Réussir à transmettre par le dessin l’idée de froid extrême, de nuit polaire déboussolante, de perte de repères dans les fjords encaissés et de marasme psychologique, cela n’était pas gagné d’avance ! Trois autres tomes sont au programme, d’ores et déjà baptisés en 4ème de couv : L’or blanc (1935-1939), Les guerres froides (1939-1966) et Un goût de paradis (1966-1995).