L'histoire :
Il était un homme comme les autres, dans une vie tranquille. Il avait une femme et une fille, il les aimait plus que tout. Mais un jour, tout a basculé et ce fut la chute. Celle se sa femme, puis la sienne. La jalousie l’a conduit derrière les barreaux. Il a commis l’irréparable, sans vraiment le vouloir. Il a eu un geste de ceux qu’on ne pardonne pas. Elle est morte. Il est seul, maintenant. Il ne sait pas où est sa fille, sa petite Lucie. Il passe ses journées là, en bas, il regarde les passants, les badauds, comme ces petits vieux sur les bords des routes, qui n’ont plus rien d’autre à faire pour occuper leurs journées. Ils imaginent leur vie, ce qu’ils racontent, derrière les sourires et les sourcils qui froncent. Il passe son temps à ressasser les mêmes idées noires, la culpabilité est lourde à porter. Parfois, il croise des regards, des gens généreux, ceux qui ont pitié. Mais son quotidien ressemble plutôt à de l’indifférence. Les gens dans la rue fuient les personnes comme lui. Les SDF leur font peur. Ils baissent les yeux pour ne pas croiser ceux des sans abris. Avant, il avait des rêves. Cosmonaute ! Mais à force d’avoir la tête dans les étoiles, il s’y est égaré, il a tout perdu. Aujourd’hui, il lui reste celles du ciel, mais ses deux essentielles ne sont plus là...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Régis Penet présente dans cet album une dimension sombre de notre société, tant par le scénario que par le graphisme monochrome. Le trait noir des dessins retranscrit l’évidence, au point que le texte n’est que secondaire. Les mots sont peu présents, ils sont simplement les monologues parfois inquiétants d’un homme seul. L'auteur met en avant la solitude de la rue, grand paradoxe puisqu’elle est peuplée de quidams qui passent. Mais précisément, ils ne font que passer sous les yeux du personnage central de SDF. Lui, est là en bas, dans l'indifférence totale de cette vie qui défile. Il utilise un langage propre à l’astronomie, qu’il compare à la vie. Les gens sont comme un ballet d’étoiles. La métaphore du centre de la terre représente sa chute, sa position au sol, la gravité et les passants autour. Ce regard interpelle sur la considération et le jugement souvent blessant qu'on peut avoir des clochards. L’inconnu fait toujours peur, mais chacun à une histoire que lui seul connaît. Derrière le regard triste d’un homme assis sur un trottoir peut cacher un avant, un après, une vie, des vies dramatiquement brisées. A hauteur d’homme est le constat d’une triste humanité.