L'histoire :
Maëlle, 30 ans, est serveuse dans un bar et rencontre beaucoup de clients. Spontanée, plutôt ouverte, vive, drôle et charmante, elle est pourtant célibataire. La faute à pas de chance, au destin qui met sur son chemin des hommes effrayés par les responsabilités et l'engagement. Mais Maëlle serait-elle trop pressée de bâtir un couple, fonder une famille et trouver l'élu ? Peut-être. Un soir, elle fait la rencontre d'Olivier, trentenaire lui aussi, qui fréquente régulièrement son café. Au bout de quelque temps, les deux adultes commencent à sympathiser par delà le zinc. Peu à peu, leur rencontre se métamorphose en petite vie de couple. Maëlle est sur un petit nuage, elle pense avoir trouvé le bon. Pourtant, leur relation cloche. Taiseux, renfermé et en manque de confiance, Olivier fuit les questions gênantes et refuse de se livrer. Ses silences, sa propension à esquiver, ses réponses évasives sur ses amis, son appart, ses rendez-vous distillent le malaise chez Maëlle. Et s'il me mentait, ne jouait pas franc-jeu ou était tout simplement incapable d'aimer et d'écouter ? Oui mais pourquoi ? Maëlle prend alors ses distances face à l'incompréhension, mais persiste néanmoins à penser qu'Olivier est un type bien, raison pour laquelle elle va s'accrocher... Olivier, lui, est en fait tombé sous le charme, même s'il pense que cette histoire est de toute façon vouée à l'échec, terrorisé à l'idée de lui révéler un passé qu'il n'assume pas...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« L'Amour est cette merveilleuse chance qu'un autre vous aime encore quand vous ne pouvez plus vous aimer vous-même ». C'est peut-être ce que se dit Olivier, trentenaire en manque de confiance, brisé par un passé douloureux et amoureux de Maëlle. Oui, l'histoire des fragiles amours naissants a été contée des millions de fois. Mais ce qui compte, c'est plutôt la manière de le faire. Et dans Souffle Court, on adhère immédiatement. Par le dispositif d'abord qui, sans en rajouter, fait le pari d'allers-retours narratifs privilégiant l'introspection et le regard intérieur, conférant ainsi rythme et légèreté à l'ensemble. Le récit, fluide et tranquille, avance alors à son rythme. Ensuite, grâce à l'esthétique graphique bercée par un spleen rimbaldien et une tension lourde de non-dits, de silences éloquents et de mystères à élucider. Alternant scènes de dialogues, pauses contemplatives et parenthèses allusives, le one-shot laisse parfois aux objets, au temps et aux lieux, le soin de parler à la place des figurants et de suggérer ce qu'ils sont incapables d'exprimer. Abordant des thèmes tels que le manque de confiance, l'amour propre, la responsabilité individuelle face au destin, le roman graphique séduit et trouble à la fois. Tout y est soufflé avec justesse et délicatesse. Tenir secret ce qui rend vulnérable, taire les failles et les douleurs passées, c'est aussi là une manière d'avancer ses désirs de manière pudique pour mieux laisser s'épanouir le sentiment amoureux, lui donner la chance d'éclore et de mûrir. C'est au Temps, ensuite, de dire si c'était là la rencontre d'une vie... ou pas, et si la complicité a finalement le droit de cité. Mais ça, c'est une autre histoire et elle appartient au lecteur.