L'histoire :
En 2032, la politique sécuritaire et isolationniste des USA conduit la partie nord du continent américain à couper toute relation avec le reste du monde. Pour assurer l’« étanchéité » économique et démographique, un gigantesque mur high-tech est construit avec la frontière mexicaine, absolument infranchissable. Vingt ans plus tard, alors que les inégalités entre le nord et le sud ont atteint leur paroxysme, le père du mur, l’éminent professeur Nietsnie, inquiète le triumvirat qui dirige le pays, avec des discours réformistes. Il prône l’ouverture et son opinion renforce la position jusqu’alors marginale des associations de familles de personnes restées au sud. Parmi ces dernières, la riche Ella Baldini lutte depuis des années pour retrouver son père, un prix Nobel en voyage scientifique en Amazonie au moment de l’édification du mur. Elle contacte alors Nietsnie en le suppliant de lui ouvrir un passage vers le sud. Le professeur aimerait volontiers venir en aide à la jeune femme, mais il n’a pas la marge de manœuvre nécessaire. Il la met alors en contact avec la seule personne ayant réussit à franchir la frontière, une sorte de Robin des bois des temps modernes surnommé Axo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré quelques légères incohérences, le cadre de ce nouveau « thriller d’anticipation géopolitique » est à la fois astucieux, prometteur et en phase avec l’actualité. A son initiative, on retrouve Fred Le Berre, déjà scénariste des polars historiques Galata et Shimon de Samarie chez le même éditeur, et qui change donc radicalement de registre. Cette mise en bouche a le mérite d’être convaincante et extrêmement bien rythmée ! Le contexte est rapidement brossé, les différents protagonistes ont des intérêts précis et la mécanique d’ensemble fonctionne plutôt bien. Certes, il y a quelques candeurs dans l’action d’Axo, as de la « faufilade » qui vole les riches pour redonner aux pauvres. Ou encore une petite dichotomie dans la condamnation et l’apanage d’un régime socio-économique autarcique. Mais tout cela est au service d’un divertissement plaisant et relativement nouveau dans un paysage « philactérien » très balisé. Au dessin, l’efficacité est également de mise, grâce au coup de crayon d’un nouveau venu dans le 9e art, Francis Buchet (à ne pas confondre avec le Philippe éponyme, papa de Sillage). Son style réaliste clair est en outre complété par les palettes expertes de l’italien Davide Turotti. Quelques épaisseurs de traits cohabitent mal avec les profondeurs de plan et tout cela manque t-il peut-être un peu de caractère… mais pour une première réalisation, c’est carrément très encourageant !