L'histoire :
Affublé de son optimisme et de sa bonne humeur, le petit Charles-Henri prend son courage à deux mains. Il se pointe dans le bureau de son père, au dernier étage de la monumentale tour d’affaires Partners & Partners, pour lui faire part d’une grande décision : il veut devenir danseur de mambo. Il joint cette annonce de quelques pas de danse en guise de démonstration. Le paternel directeur manque de faire une crise cardiaque. Sur son visiophone, il appelle ses hommes de main, Tohu et Bohu, qui attrapent le bambin rêveur par le pied. Ils le conduisent dans une salle à archives et ouvrent un grand tiroir appelé « fils indignes ». Ils jettent Charles-Henri à l’intérieur. Le pauvre gamin atterrit dans la poussière d’une oubliette, parmi les ossements de ses frères disparus. Quitte à crever là, il danse le mambo jusqu’à épuisement. Il finit par s’endormir. En rêve, lui apparait alors un jovial personnage portant une chemise hawaïenne. C’est Proximo, le dieu du mambo, qui le renomme Benito et lui raconte son histoire. Cela fait, un curieux geyser réveille Benito dans son oubliette et l’éjecte par le conduit par lequel il était arrivé. Un incroyable déluge envahi les couloirs de la tour Partners & Partners et se déverse par les fenêtres vers l’extérieur. Benito grimpe sur le corps de Tohu, qui fait la planche. Son père, agrippé à une bouée de circonstance, profite de la catastrophe pour lui relater ses origines…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement publié en noir et blanc dans la collection Tohu Bohu il y a 15 ans, Benito Mambo nous revient aujourd’hui dans une version colorisée par son auteur, Christian Durieux, aidé de Francesca. Au passage, la taille des planches est plus que doublée : le petit bouquin souple fait place à une édition grand format, avec un dos toilé et cartonné une épaisseur luxe (120 planches). Ce bien bel écrin alloué par les Humanoïdes associés permet de redécouvrir dans d’excellentes conditions un conte fantaisiste et lyrique à tiroirs, à la continuité imprévisible et aux rebondissements foutraques. Tout d’abord, le petit héros au faciès rond et sommaire, en costume violet et nœud pap’ rouge, est un champion du monde de l’innocence et de la gentillesse. Tout au long de l’album, il ne cherche que l’amour et la possibilité de danser le mambo. L’extraordinaire pérégrination dont il est victime l’emmène d’une tour d’affaire inondée, jusque dans un dirigeable commandé par un capitaine atteint de coprolalie (tendance à débiter des flots de vulgarités), puis dans un tunnelier qui perfore la Terre de part en part. Au gré de ce parcours initiatique, il tombe amoureux d’une fille à trois jambes et veut la sauver de la destinée inique qui lui a été réservée : donner un héritier normal à un roi unijambiste. Ces circonstances nous sont dévoilées au gré de moult histoires qui tombent comme autant de digressions… et qui finissent néanmoins par faire sens et former une noble et tragique fable. Au début dérouté par une apparente narration patchwork, le lecteur (plutôt adulte) finit par s’attacher à ce monde (plutôt enfantin).