L'histoire :
Par une nuit d’encre, Arsène est venue cueillir au cœur du massif de Stillendorf les bonnes herbes à Schlingotte nécessaires à la santé de son maître. Quand d’une mine désaffectée choît un œuf suivi d’un cri déchirant ! Le domestique prend alors la coquille pleine et ses jambes à son coup pour regagner la vallée où tout le monde l’attend. Car au chevet de maître Hansi, les personnalités du village défilent afin de lui rendre un dernier hommage de son vivant. Le sage vieillard sent sa mort venir et, après avoir congédié ces formalités, il implore Elizébeth, l’aînée de ses petites filles, de veiller sur sa cadette, Dorette. Il lui confie aussi dans un dernier souffle le secret de la mine au bord du lac rouge : une vraie mine d’or dont les plans sont « dans le coffre... ». Le coffre-fort ? Le vieil homme n’ajoutera rien. Bien des années ont passé, Brüssli a grandi. Le fils d’Arsène et Hanna, d’un presque bébé ressemble aujourd’hui à un presque enfant. Querellé par les autres enfants du village, et notamment Aloyse le fils de l’aubergiste, pour sa dissemblance physique, il rêve du Taj Mahal, il se rêve Brüssli, le conquérant le monde ! Au marché, il rencontre un jour Aldo le colporteur, un fantasque lapin chanteur et la belle Dorette qui, en passant, bise sur le front « le joli garçon ». Aux anges, Brüssli atterrit dans un bac à fleurs surprenant alors Elizébeth, Wilhelm, l’aubergiste devenu bourgmestre, et un épouvantail en costume militaire, discuter le rachat des terres du lac rouge…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que sort bientôt sur les écrans l’adaptation cinématographique du chef d’œuvre signé Patrick Süskind, le Parfum, histoire d’un meurtrier (roman retraçant la vie au XVIIIe d’un enfant-monstre, génie de l’olfactif) débarque dans les rayons BD un autre phénomène de foire. Jean-Louis Fonteneau et Etienne Jung imaginent un petit être, mi-homme mi-dragon, ressemblant à s’y méprendre à l’image que l’on se ferait de Grenouille (le héros imaginé par Süskind, ndlr.). Sinon que le ton, loin d’être dramatique, est résolument humoristique en un monde où hommes et bêtes, fantastique et kilts bavarois, s’allient pour le meilleur et pour le pire. Grand public, le scénario n’est pas moins truculent. Il nous invite donc à suivre les aventures rocambolesques d’un Quasimodo en culotte courte appelé – il le sait – à réaliser de grandes choses. Fils éponyme du maître des arts martiaux, Brüssli déborde d’énergie, de bonne volonté comme d’ingénuité. Bref, il fait rire, souvent à ses dépens, et l’on ne s’ennuie guère. Le trait du dessinateur de Gargouilles (t.1 avec D.Filippi) illustre tout en volume l’infinie candeur ambiante. Seul capable d’un tel rendu graphique, il entremêle réalité et féerie, insuffle vie et foi en un univers pourtant improbable. Au final, on garde en bouche un arrière-goût d’Alice aux pays des merveilles… Si la réussite d’une série se prédit à l’attachement suscité par ses personnages, celle-ci est bien partie !