L'histoire :
Alors que le fameux milliardaire Feiersinger séjourne en Roumanie, il est abordé par la fille de Lord John Russell. Elle lui apprend que son père est décédé depuis quelques jours et demande de l’aide au vieux collectionneur. Car Feiersinger et Russel chassaient un peu sur le même terrain, celui de l’étrange. Et bien que concurrents, ils s’appréciaient. La jeune femme a besoin d’une expertise car, avant de mourir, son père a acheté à un écossais d’Edimbourg des clichés d’un dinosaure censé habiter le Loch Ness. Primo, elle n’a pas les moyens de régler la dette contracter par son père pour les photos ; et secundo, elle craint que son paternel ne se soit fait rouler. En possession des clichés, Feiersinger ne peut affirmer qu’ils sont truqués ou non. Il promet d’enquêter et de résoudre le problème, à la condition de pouvoir consulter les archives cryptozoologiques de Lord Russel, un véritable « cabinet de curiosités ». Deux jours plus tard, une valise chargée de billets, il rencontre en Ecosse le fameux vendeur de photos. Et de reconnaître qu’il s’agit d’une supercherie mise en œuvre à l’aide d’une maquette de bonne taille. Pour autant, le vieux milliardaire règle la facture. Il a désormais accès à la belle collection de son ex-concurrent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le préquel de Carthago nous offre sa seconde grosse bestiole à chasser, toujours au rythme d’une aventure indépendante, toujours centré sur une énigme cryptozoologique et lié à la série mère par deux de ses personnages principaux (Feiersinger et London Donovan). Après les poils de bigfoot, c’est cette fois la carcasse en béton armé d’un gros reptile d’apparence préhistorique (le fameux Chipekwe) que le vieux milliardaire veut accrocher à sa collection. Ce seront donc l’Angola, un lac marécageux, de l’astucieuse mécanique et des tribus un brin énervées qui accompagneront cette nouvelle aventure… en forme de mayonnaise qui ne parvient jamais à monter. C’est bien simple : rien ne fonctionne. Le prétexte initial, par exemple, qui use d’un clin d’œil avec l’énigme du Loch Ness (d’ailleurs redistribué en fin d’album), tisonne immédiatement la supercherie à venir. Le premier rebondissement de l’aventure fait quant à lui l’effet d’un pétard mouillé. Les velléités anxiogènes sont grossièrement distillées (c’est pourtant habituellement la patte géniale de Christophe Bec). La pseudo-trame romantique (la relation amoureuse Donovan-Luyana) est balayée violemment sans qu’on en ressente l’intérêt. Enfin, le final fait raisonner un logique : « tout ça pour ça ! ». Bref, les intentions sont là, le matériau à disposition, mais l’ensemble reste d’une platitude absolue. On a même le sentiment que les personnages jouent faux. Figée par ses intentions photo-réalistes (et l’excès de tons verdâtres ou marrons pour la mise en couleurs), la partie graphique de Fafner ne parvient pas non plus à accrocher le chaland et rend peut être même encore l’ensemble un peu plus confus. Dommage et surprenant…