L'histoire :
En 1910, par une fraîche soirée neigeuse, deux chasseurs costauds arrivent à cheval dans un petit village perdu du Caucase. Ils sont venus pour se taper Zana, une femme sauvage que le propriétaire de l’auberge prostitue contre trois kopecks chacun. Ils la découvrent très poilue, dotée d’une poitrine généreuse, mais docile si on sait manier le fouet. Ils font donc leur affaire. Un demi-siècle plus tard, le pouvoir soviétique donne une battue dans les monts Oural. Ils cherchent à éradiquer une espèce d’hominidés non répertoriés et assez proches des grands singes. Ils y perdront un homme, transpercé d’une lance par un « chasseur » invisible. En 1974, le milliardaire roumain Feiersinger organise une expédition commando pour délivrer un colosse russe d’une colonie de redressement en Sibérie. Dzagoev est un ancien champion de boxe et la nature l’a doté d’une constitution étonnante… Feiersinger suspecte qu’il est le descendant d’un croisement entre un homme et Zana, la mystérieuse femme sauvage capturée en Georgie au début du siècle. Ce grand collectionneur cryptozoologue souhaite partir explorer, en compagnie du colosse, les terres de cette potentielle peuplade appelés les « Almastys »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir chassé le yéti, puis le tyrannosaure, le kraken et le loup géant du grand Nord canadien, le milliardaire cryptozoologue Feiersinger s’intéresse à une peuplade légendaire de grands hominidés poilus du Caucase : les Almastys. Une courte recherche sur Wikipedia® vous apprendra qu’il s’agit de l’équivalent européen du Sasquatch ou du Bigfoot. Son existence réelle est aussi contestée que probable, elle donne lieu à diverses théories et conjectures (un descendant de Neandertal ?) ; même Yves Coppens s’y est sérieusement intéressé ! Bref, dans le contexte des années 70, époque où se déroule la majorité de l’intrigue, notre « héros » milliardaire roumain n’est pas encore centenaire. Bien des années avant sa rencontre avec London Donovan, héros de la série-mère Carthago, il participe donc lui-même à l’expédition dans les régions profondes et méconnues de l’Oural, aux côtés d’un colosse peut-être descendant de cette espèce nichée entre l’homme et l’animal. La nature humaine des almastys sera justement le nœud de la problématique dans ce 5ème épisode indépendant justement dosé en suspens et en découvertes, dessiné par Aleksa Gajic. Même si la partition enneigée et crépusculaire l’affranchit souvent de décors complexes, le serbe montre une nouvelle fois sa belle maîtrise réaliste. Sa gestion des personnages – leurs mouvements et expressions – et des ambiances est impeccable. Ne cherchez plus à comprendre la bête qui sommeille en vous : elle remonte forcément à Zana…