L'histoire :
Dans l’archipel des Tiwi (au Nord de Darwin, en Australie), de riches touristes ont payé un guide pour une séance de plongée au milieu des requins. Le guide craint plus Hector, un orage qui se forme quotidiennement, que les prédateurs marins. Mais pour l’heure, étant donné que tout est calme, il balance ses seaux de sang à la mer, pour attirer les requins. Excités par le goût du sang, ces derniers ne tardent pas à affluer en nombre, ce qui promet de chouettes sensations aux touristes. Cependant, les premières observations complexifient la réalisation de ce projet sans cage de protection. Il y a en effet un peu trop de requins dangereux, dont des requins marteaux, des requins tigres et même un grand blanc de 5 mètres de long. Et puis soudain, tous disparaissent. Pour comprendre l’origine de ce repli général inopiné, le guide effectue une plongée en solo. Il se retrouve alors face à un mégalodon, un requin préhistorique d’une taille démentiel, la gueule béante. Le mégalodon ne fait qu’une bouchée du guide. Il embarque également le bateau, qu’il broie dans ses mâchoires surpuissantes, ne laissant aucun survivant. Quelques jours plus tard, il sera pris en photo en train de bouffer un surfeur, dans le golfe de Beagle. Ce nouveau fait divers alerte la Carthago et déclenche une chasse au requin de grande ampleur. Les autorités japonaises dépêchent même deux sous-marins nucléaires d’attaque sur zone…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 12ème opus de Carthago conclut le cycle court et anté-chronologique consacré au personnage de Kane, l’homme poisson. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit peut-être de l’épisode le plus complet, à tous points de vue, de la série. Non seulement le scénariste Christophe Bec comble bien des zones d’ombres de sa saga – nous découvrons la mère de Lou et son idylle avec Kane – mais il le fait dans une même unité de temps, sans recourir (comme le fait souvent Bec) à un morcellement patchwork des séquences indépendantes, qui déconcentrent souvent le lecteur du sujet central. Cette fois, nous suivons réellement une double traque : celle de Kane par Donovan et Feirsinger, le premier voulant protéger l’homme-poisson, le second cherchant à le capturer pour sa collection personnelle. Mais aussi une traque générale par de nombreux pêcheurs du mégalodon, ce requin-monstre « plus grand prédateur de tous les temps » qui nous tient en haleine depuis le premier tome. Or concernant celui-ci, vous allez être servis : il attaque souvent, il fait des ravages, il est aussi monstrueux que majestueux et il n’a pas une once de sentiment. Et comme l’indique le titre, son habituel environnement des grandes profondeurs l’a rendu Albinos. Derrière Kane et le requin, Donovan, la Carthago et Feirsinger incarnent donc des seconds couteaux au casting. En revanche, le dessinateur Ennio Bufi tient, lui, toujours les premiers rôles. La précision dans le réalisme rend sa partition spectaculaire, en plus de s’appuyer sur un découpage et des cadrages parfaits pour orchestrer le suspens. Spielberg peut aller se rhabiller avec ses Dents de la mer.