L'histoire :
Léocadie Lulla est une belle jeune femme, employée par la CNUCED (Conférence des Nations Unis sur le Commerce Et le Développement) à Genève. Ce jour-là, par une météo neigeuse, un cadavre est retrouvé sur le paillasson de son appartement. Envoyé pour l’enquête, l’inspecteur Nizza fait la connaissance d’une beauté froide, que rien ne semble pouvoir atteindre. Courtoise et distante, elle ne semble pas impliquée dans cette mort, qui soulève par ailleurs de sacrés mystères. Car un courrier anonyme sous le paillasson en question délivre un mystérieux message : « Vous êtes en danger, Izmir est là pour vous protéger ». Evidemment, vu les fonctions de la jeune femme au palais des Nations, il plane sur cette affaire une drôle d’odeur de pressions diplomatiques. Léocadie, qui a immédiatement chassé de son esprit le cadavre de son paillasson, ne change rien à ses habitudes. Elle continue de fréquenter Champol, un collègue qui a de l’esprit, et son amie le mannequin Karine avec qui elle partage un amant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette réédition en un seul volume des deux tomes initialement publiés en 1983, les Humanoïdes associés nous gâtent. On replonge donc au cœur de ce classique de l’espionnage comme on le ferait dans un bon vieux Hitchcock : du noir et blanc classieux et léché, une ligne claire réaliste travaillée avec minutie, une intrigue dense qui prend son temps, et bien sûr, tout part d’un meurtre inexpliqué. Plus qu’une solution à l’énigme, le lecteur cherche à cerner l’ambiance feutrée et le caractère de l’héroïne, en permanence au cœur du récit. Car le bien-titré « corps diplomatique » est à double sens, représentant certes l’institution genevoise, mais aussi le personnage de Léocadie, pure beauté handicapée du sentiment. Membre d’une délégation diplomatique, Léocadie est en effet d’une froideur inquiétante, presque inhumaine. Est-ce à dire que la distanciation est le trait de compétence qui caractérise les diplomates ? En tous cas, cette forme de neutralité sentimentale à toute épreuve convient parfaitement à la nation où se déroule l’enquête, la Suisse, d’où est d’ailleurs originaire Daniel Ceppi. Bref, alors que tout tourne autour d’elle, Léocadie traverse l’enquête sans avoir été véritablement inquiétée, tenant les faits à distance tout comme le lecteur. Car au terme de ces 118 planches bien remplies, il y a peut-être un léger regret : celui d’avoir attendu patiemment tout un album pour se voir finalement confronté à un dénouement simplement suggéré, encore en partie voilé par le secret de la sphère diplomatique.