L'histoire :
Dans un avenir proche, un fléau déboule sans prévenir sur la planète : des nuées de moustiques assombrissent le ciel et transmettent une pandémie de dengue – une grippe tropicale – ravageuse. Les cadavres s’amoncellent dans les rues, les gens ne peuvent plus sortir qu’affublés d’une combinaison étanche, le monde se transforme en enfer. Quelques mois après le début de ce contexte apocalyptique, le sergent Pronzini enquête sur un cadavre retrouvé nu à l’extérieur. Les os brisés, une balle de calibre 32 dans le corps : assurément, celui-là n’est pas mort de la dengue. Curieusement, Pronzini découvre que l’homme était chercheur à l’IDED, l’Institut d’Etude sur les Diptères, le principal organisme de lutte contre la maladie. Pronzini prend aussitôt rendez-vous avec le directeur, un petit homme barbu au regard éperdu. Le sergent comprend vite que ce dernier ne va pas beaucoup l’aider dans son enquête. Mais Pronzini a du ressort et trouve vite le moyen de cerner l’assassin… Plus tard, c’est un jeune joueur star du foot qui est retrouvé poignardé au milieu d’un stade. Là encore, Pronzini décide de faire sortir le loup du bois en tendant un piège au meurtrier… Jusqu’au jour où les moustiques disparaissent d’un coup, en marge d’une prise d’antenne médiatique par un curieux individu, pour une annonce surréaliste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Commençons par un rappel culturel et sanitaire : la « dengue » est une infection virale tropicale de type grippale, majoritairement transmise par les moustiques. Rarement mortelle, elle est à prendre au sérieux, refile fièvre, céphalées, nausées et plaques rouges, bref emmerdante à souhait. Dans ce petit bouquin au format comics réunissant 10 histoires courtes initialement publiées en Uruguay (tout arrive), la dengue qui ravage notre planète atteint d’emblée des proportions apocalyptiques. Appuyées sur ce contexte, les dix historiettes d’obédience plutôt policières peuvent se lire par à-coups et indépendamment ; mais dans l’ordre, car elles s’enchainent globalement pour former une histoire globale cohérente. Il s’agit de répondre à la question : qui tue des pontes de la recherche scientifique contre le fléau et pourquoi ? Un flic mène les débats, des scientifiques l’aident ou le contrarient, une journaliste sexy se glisse dans ses pattes… et les scénarios élaborés par Rodolfo Santullo ne se privent pas de quelques détours fantastiques, par le truchement d’une société d’humanoïdes-moustiques mutants dirigés par un « prince » charismatique. C’est un brin grand-guignolesque, idéalement oppressant, mais ça se laisse lire comme un bon thriller divertissant catastrophique de série B, favorisé par le dessin encré et semi-réaliste hard-boiled de Matias Bergara, qui sait gérer les ambiances glauques et suffocantes. A découvrir entre deux tubes de Baygon® jaune et vert (on ne se souvient jamais duquel atomise les p’tites bêtes qui font bzzzz…).