L'histoire :
Quelque part dans un laboratoire perdu au fin fond du désert américain, des scientifiques travaillaient sur l’immortalité. Hélas, un léger manque de précautions a soudainement contribué à répandre un virus inachevé dans l’atmosphère. Dès lors, l’humanité quasi entière s’est transformée en zombies. Au beau milieu de cette décadence planétaire, Alan, zombie « récent » avec une main en moins, est tombé amoureux de Lynn, zombifiée un peu plus tôt que lui. Avant, Lynn était mannequin en couverture des magazines et son état de putréfaction lui a laissé de beaux restes, en dépit d’un bras coupé et d’un œil crevé. L’amour fou qu’ils se vouent l’un l’autre est le moteur de leur mort. Ils cherchent une solution à leur état avant que Lynn ne se transforme en poussière. Mais le second laboratoire de recherche qui aurait pu les aider, a été décimé par les troupes d’un général zombie omnipotent. Ce dernier a kidnappé Lynn pour la conduire à New-York, sur demande de son père. Alan décide de la rejoindre, aidé par Grace, un transsexuel également amoureux de lui, toujours à l’état de vivant et porteur d’un sérum pouvant sauver tous les zombies.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous l’aurez compris à la lecture du résumé, on est très loin de l’histoire d’amour baudelairienne. Deux zombies et un travelo pour sauver le monde, il fallait oser ! L’atmosphère de Fragile colle à la perfection au schéma classique des histoires de zombies. Stefano Raffaele ne donne pas d’explications inutiles et se lance directement sur les aspects gores (la totalité d’un corps de zombie est loin d’être une nécessité), quitte à faire dans l’humour trash (l’un se balade sur les mains depuis qu’on l’a coupé en deux, en laissant tomber des morceaux de lui). L’originalité vient vraiment de cette romance dans un monde désagrégé. Sans faire dans le mélo, sans chercher non plus à se réconcilier avec le genre humain, Raffaele boucle en trois tomes une véritable histoire d’amour dans l’au-delà. Dans la veine graphique des comics américains (Mike Mignola…), il livre un dessin exigeant, fortement encré, sur une colorisation tempérée de Charlie Kichoff volontairement terne et glauque. Avec peu plus de cases par planche dans cet ultime épisode, l’action prend le pas sur la contemplation. Une façon brutale de nous rappeler que l’humanité est bien Fragile…