L'histoire :
Comme des milliers de pilotes de son âge, Gurvan est issu d’un « matérédu » : il a été engendré à partir d’une sélection génétique pour devenir un excellent pilote de chasseurs ; et il a été éduqué dans la détestation absolue et l’éradication ultime de l’ennemi héréditaire. Aujourd’hui, bien qu’il peine encore à manœuvrer idéalement son simulateur dans les moments cruciaux en compagnie de son IA Eden, il est arrivé au bout de sa formation. Lui et son copain Sybal vont rejoindre les unités de combat. Ils passent leurs derniers moments d’aspirants au sein du matérédu souterrain, en regardant des images projetées de l’ancienne Terre, avec ses animaux sauvages et ses couchers de soleil. Ils sont songeurs quant à leur destin : il va leur falloir survivre 7 ans… alors que l’espérance de vie des pilotes comme eux est estimée à bien moindre : 61 missions galactiques. Alignés en rang comme les bons supers soldats qu’ils sont devenus, ils écoutent le discours de rigueur du célèbre général Coyle. La guerre qui les oppose à leur ennemi stagnait depuis 42 ans, mais elle progresse enfin à leur avantage. Gurvan rejoint l’unité 44 au sein du gros porteur 6021. Sybal rejoint, lui, l’unité 49. Gurvan est accueilli par une légende, le capitaine Rahl, et il fait connaissance avec Dji, une jeune femme pilote dotée d’un fichu caractère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Même dans un futur cosmique technologiquement avancé et relativement lointain, où les humains ont colonisé des planètes éloignées et où ils se reproduisent par sélection génétique, on continue de se faire la guerre. On ne sait plus trop pourquoi, ni qui on combat exactement, mais on est éduqué dans le patriotisme le plus radical, à jouer sa vie pour éradiquer « l’ennemi ». Tel est le contexte de départ de cette histoire de science-fiction adaptée du roman de Paul-Jean Hérault (une trilogie parue au Fleuve Noir Anticipation, en 1987). Le propos de fond antimilitariste pointe évidemment l’incroyable absurdité de la guerre. Sans qu’on comprenne trop comment, le héros Gurvan va sortir de son endoctrinement strict, se mettre à réfléchir sur sa condition de super-soldat éduqué à sacrifier sa vie pour donner la mort. C’est un classique narratif qui entremêle la quête initiatique et le mythe de l’élu guidant le peuple. Cela se fait progressivement, au prix de très nombreux combats galactiques, façon Star Wars, dont on peine systématiquement à piger les chorégraphies. Les dialogues entre Gurvan, son IA et ses camarades permettent néanmoins d’en extraire les ressorts – qui tournent toujours à l’avantage de Gurvan malgré des statistiques de réussite toujours plus catastrophiques de son IA… sinon il ne serait pas le héros ! La psychologie des personnages est un peu sommaire, les décisions et réactions très archétypées, mais la morale est saine. Le dessin de Livia Pastore, qui avait déjà dessiné un Sirènes et Vikings pour les Humanos, se place dans la veine réaliste idoine, très académique concernant les personnages dans leurs combinaisons de pilote, mais souvent spectaculaire lors des « mouvements de troupes » et des combats entre les innombrables « porteurs », « chasseurs » et « vagabonds » sur fond de planètes telluriques.