L'histoire :
Par une nuit d’encre, « visitant » un manoir de style victorien, une petite équipe s’affaire. Avec minutie, les lampes torches balaient les pièces à la recherche d’un coffre Armbruster, modèle 36. Le travail doit être fait discrètement mais efficacement : les trois hommes n’ont guère plus d’une heure devant eux… Peter Wilkes, le propriétaire, se trouve pour l’instant sur l’aéroport militaire d’Argyle, hors de Londres, afin de superviser l’embarquement du commando dirigé par le colonel Sykes et chargé d’éliminer Rudolf Heyzig, un proche du Führer. Pour plus de sûreté, l’action armée sera doublée d’un bombardement massif. Lorsqu’on envoie des hommes à la mort, autant leur dire en face… Manuel du service, chap. 4, méthodes de dissimulation : « il est recommandé d’utiliser des surfaces planes comme des miroirs… ». Stanley Pilgrim vient enfin de mettre la main sur le précieux document quand sonne le téléphone. Vite, une photo, et lui et ses acolytes ne traîneront pas : c’est sûrement lui… Cette même nuit du 31 décembre 1942, sur les pentes enneigées de Transylvanie hongroise, une femme traîne péniblement un homme amputé d’un doigt. Il leur faut rejoindre le commando parachuté dont les hommes approchent de la frontière barbelée et bardée de miradors. Manque de chance, la garde est en avance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La quatrième de couverture ne ment pas ! Les premières guère plus. Celle du Faune dansant figurait une fillette guidant une armée des ombres ; le second tome au titre programmatique Vlad, retranscrit fidèlement une intrigue mêlant inextricablement l’historique au fantastique, la réalité à la fiction. Au Seigneur qui lui demandait son nom, le Gérasénien répondit « Légion » parce que sa possession était multiple et ses co-disciples innombrables. Face au commando inquisiteur allié, les oiseaux de nuit, nés de la barbarie des temps obscurs transylvaniens, cherchent à pérenniser leur engeance. Par le sang. Par la marque jaunie et indélébile laissée sur la nuque de leurs victimes. Survivre et Subvertir : tel pourrait être la signification des initiales S.S. aux yeux de ces impénitents prédateurs. Après une complexe mise en bouche, le récit imaginé par Fabien Nury, très prenant, gagne en force et en noirceur. Les multiples protagonistes des différentes scènes géographiques abattent leurs cartes. Le dessin de type « comics » de l’américain John Cassaday prend alors une toute autre ampleur. Au découpage rythmé, cinématographique, répondent les postures très expressives de personnages en permanence sous tension. Les tons francs et sombres, choisis par Laura Martin, surlignent impeccablement les encrages et parachèvent la mise en action. S’il est parfois toujours difficile de distinguer les traits distinctifs de chacun des pions sur l’échiquier, ce flou contribue à perdre un peu plus le lecteur, à garder son attention et à le tenir en haleine. Comme favorisés par l’éclat de la pleine lune, les noirs semblent avoir toujours un coup d’avance, mais bien malin celui qui prédirait l’issue de la partie…