L'histoire :
Début 1916, tandis que la première guerre mondiale provoque des hécatombes sur terre, le calme apparent qui régnait jusqu’alors en mer s’amoindrit. Des navires de commerce disparaissent en effet… Le 18 février 1916, le HMS Avenger contrôle un voilier norvégien. Le capitaine Knudsen répond de manière cohérente et satisfaisante à toutes les questions des militaires britanniques. Il montre des documents qui attestent qu’il commande un navire de commerce voguant vers l’Amérique du sud. Les anglais le laissent repartir en lui indiquant par négligence la position d’un navire français plein de 7000 tonnes de salpêtre. Aussitôt les anglais éloignés, Knudsen retire sa parka et dévoile son uniforme allemand. Il s’appelle en réalité Hugo von Krüger et il est le capitaine de ce fameux navire allemand qui fait disparaître les cargaisons et équipages des vaisseaux de commerce dans cette région maritime. Tous ses hommes ont admirablement joué le jeu. Ils peuvent désormais mettre le cap sur les Açores, où doit nécessairement passer le navire français. Quelques jours plus tard, l’Antonin est à portée d’une salve de menace du Seeadler, qui le force à se mettre en panne. Hugo von Krüger monte à bord avec un détachement de ses hommes en armes. Il fait la connaissance de Pénélope de Luynes, une française promise par son père à un mariage arrangé. Cette dernière fait la traversée du Chili vers Nantes pour cette occasion, accompagnée de son cheval…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’italien Enea Riboldi apprécie visiblement les aventures maritimes au large de l’Amérique du Sud. Après 4 tomes de Cap Horn scénarisés par Christian Perrissin, il re-hisse le pavillon dans la même zone maritime aux côtés du scénariste Philippe Thirault. N’en déplaise à la latitude et aux embruns, nous sommes ici en pleine première guerre mondiale, conflit durant lequel un capitaine allemand gène au maximum le ravitaillement allié. En dépit de son appartenance à l’armée ennemie, Hugo von Krüger incarne rapidement la figure du héros, en raison de son code d’honneur et du travail de charme qu’il opère sur le personnage féminin, la française Pénélope de Luynes. Cette première partie de diptyque est logiquement ponctuée de tout ce qu’on est en droit d’attendre de ce registre d’aventures : abordages, mutineries, trahisons, le tout accompagné par une belle romance à peine perturbée par les patriotismes latents. Très agréablement rythmée et dialoguée, cette mise en bouche est admirablement et précisément dessinée par Riboldi, à l’origine de cette histoire, elle-même inspirée par la biographie du comte Felix von Luckner, alias « le dernier corsaire ». Sous les ordres du Kaiser Guillaume II, cet officier de marine allemande a authentiquement coulé par le fond nombre navires de commerce avec son trois-mâts, le Seeadler. Le second tome est déjà annoncé pour la rentrée scolaire 2018, et quelque chose nous dit qu’ils ne devraient pas vivre vieux et avoir beaucoup d’enfants…