L'histoire :
Après avoir récupéré un mystérieux reliquaire contenant un crâne orné de bijoux antédiluviens, un jeune couple d’antiquaires parisien demande une expertise auprès d’un anthropologue. Devant les stupéfiantes analyses, ce dernier leur propose une association particulière : le crâne semble en effet appartenir à un homme de Neandertal, tout comme un cheveux singulièrement contemporain ! Ils en déduisent qu’un néandertaliens se balade de nos jours en ville. Leurs investigations les mettent sur la piste d’Edmond Griffon de Martel, petit dernier d’une lignée royale ayant traversé les âges. Ce dernier vivrait a priori sous le pont Alexandre 3, à l’état de clochard… Au même moment, en compagnie de ses amis de la rue, Edmond le clodo force de nuit un camion-morgue, dans lequel a été entreposé le corps de sa mère, morte de chaud durant une canicule. Le lendemain, trois furies blondes viennent le déloger sous son pont. Malgré l’incroyable arsenal de combat dont elles abusent sans vergogne, elles n’arrivent pas à le flinguer. Edmond s’enfuit sur les poutrelles du pont, emportant le sac mortuaire de sa maman sur l’épaule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fin du résumé ci-dessus peut paraître complètement déjantée… C’est effectivement un peu le cas de la plupart des situations dans cette série iconoclaste, qui reste néanmoins toujours sous contrôle de son auteur, Philippe Riche. Le premier tome avait déjà le mérite de poser un certain nombre de problématiques piquantes, distillées avec beaucoup d’humour, suivant un rythme qui sortait des archétypes. Cette histoire de Neandertal est-elle une blague ? Ces trois tueuses folles sont-elles réelles ? Que signifient les souvenirs historiques du clodo ? Cette suite (et fin) continue sur cette enthousiasmante lancée, se payant le luxe d’expliquer toutes les énigmes de manière cohérente, une grosse louche d’humour en prime. Riche développe en effet son intrigue avec un certain culot, n’hésitant pas à faire tantôt dans la démesure la plus folle (le lance rockets !) puis, l’instant d’après, à livrer un dialogue débile à souhait, totalement superfétatoire (un peu « à la Tarantino »). Le final est même un pied de nez jubilatoire à toutes les conclusions stéréotypées ! Le style graphique de Riche est quant à lui assez angulaire (pas très loin de celui de JP Krassinski) et montre des variations de focales parfois agaçantes (une alternance de dessins zoomés et dé-zoomés). Il reste cependant fluide et très lisible, avec quelques séquences qui resteront longtemps en mémoire (la poursuite sous le pont). Les choix chromatiques participent également de l’originalité de l’œuvre, s’appuyant sur des tonalités kakis/ocres pour le présent et une monochromie bleutée pour les flashbacks/séquences liées au passé. Un thriller urbain habilement emmené aux frontières du fantastique, à conseiller aux lecteurs à la recherche d’originalité…