L'histoire :
Après l’enlèvement d’Hélène par une horde de guerriers à la violence extrême, Mo et Jin ont poursuivi leur longue marche autoroutière à travers des paysages post-apocalyptiques décharnés, jusqu’à atteindre Paris. Ils portent un masque à gaz en raison des émanations de gaz nocifs et hallucinogènes qui caractérisent la zone. Au gré de ce monde urbain en ruine, ils croisent des corps pendus ou crucifiés, ce qui donne la mesure des mœurs ambiantes. Mo a soudain la certitude d’être attaqué par le lion en bronze de la place Denfert-Rochereau… mais il ne s’agissait que d’une hallucination provoquée par la défaillance de son masque. Ils parviennent enfin au km zéro : Notre Dame. La cathédrale est toujours debout, mais elle est transformée en forteresse. Ils décident de passer par les souterrains. A la lueur d’une torche, ils forcent des cadenas, parcourent des dédales et débouchent finalement dans une crypte. Cachés derrière un pilier, ils assistent à une cérémonie écœurante : trois chefs bedonnants en toges regardent défiler de frêles prisonnières et se débectent de ce spectacle. Parmi ces victimes, Mo et Jin aperçoivent Hélène, ligotée et couverte d’ecchymoses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oui, dans ce troisième tome, vous allez savoir ce qui est arrivé à la Terre, pour que le contexte soit post-apocalyptique au point de représenter des miettes de lune dans les ciels nocturnes (présentes en couvertures des tomes 2 et 3). Oui dans ce troisième tome, la quête initiatique du trio de héros sera pleinement accomplie : escortée par le colosse taiseux Mo et le combattant aux cheveux longs Jin, la belle Hélène retrouvera sa sœur à Paris. Oui, dans ce troisième tome, la violence sauvage et décérébrée des humains survivants est toujours de mise et elle tranche fortement avec l’humanité des trois héros. Et non, dans ce troisième tome, cette dichotomie ne trouvera pas sa cohérence psychologique, et c’est là le gros bémol qu’on peut opposer à cette trilogie post-apocalyptique adaptée par Mathieu Masmondet d’un roman de Julia Verlanger. Pourquoi eux trois sont-ils aussi éclairés et solidaires entre eux, et pas tous les autres ? Le récit trouve néanmoins son intérêt dans son décorum jubilatoire de délabrement civilisationnel, via le dessin du chinois Zhang Xiaoyu. Notre Dame est transformé en bunker, le jardin des plantes en nurserie, et l’on pendouille des corps et des colifichets sous une tour Eiffel à quatre étages (mais pourquoi quatre étages ?). Le twist final nous laissera une amertume en bouche, un goût en adéquation avec l’ambiance de ce futur peu enviable, mais prégnant.