L'histoire :
Solitaire, redoutable, Mario Roman est un chasseur de démons qui dégage une véritable aura d’invincibilité. Il est investi d’une nouvelle mission par une entité dans un monde parallèle : une cité située sur les rives du Lower West Side est sujette à une activité démoniaque intense. Tout doit se passer avant le lever du soleil, à l’extérieur des murs de la ville. Il reçoit sa « marque d’autorité » et se prépare à l’affrontement. Il enfile son gilet de commando, y attache ses fioles mystérieuses, ses grimoires antiques, et se rend sur place. Là-bas, des gamins viennent de trouver un corbeau mort. Ils jouent avec, redoutant de se faire attraper par leurs parents. Sur le chemin, ils croisent l’inquiétant Mario, sur le point d’accomplir sa besogne, largement payée par les prières des habitants. Il tend aux gamins un manuscrit cacheté, comme preuve de son intervention à venir. La place nette, il se met à l’œuvre. Il parcourt les ruelles en répandant sur le sol le liquide de ses fioles, évoquant en espagnol le démon, l’adjurant de se manifester en chair et en os…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Houla ! Sur les rayons voués à l’ésotérisme bien hermétique, voilà un one-shot qui tient une place de choix. Situé quelque part entre les concepts débridés d’Andréas (Arq) et les mondes torturés de Gabriel Delmas (Moloch Jupiter Superstar), cette Fin des temps vaut surtout par la puissante impression, lugubre et satanique, qui s’en dégage. Le personnage central semble tiré d’un western mexicain de Sergio Leone : regard froid, totale maitrise, harnachement de psychopathe… Le « démon » – ou plutôt l’entité démoniaque – qu’il combat ressemble plus à un amas de chair informe et inidentifiable, qui opprime ou souffre d’une commune manière. Avec un scénario pareil, chacun y voit un peu midi à sa porte. Indéniablement, il y a plusieurs lectures possibles, en fonction de son ressenti, de sa sensibilité… Que représentent ces enfants qui jouent dans la rue avec un corbeau mort ? Y a t-il une logique fantastique à ce combat satanico-organique ? Tout reste très flou… On aime ou on déteste… Graphiquement, Samuel Hiti fait pourtant preuve d’un joli savoir-faire (cf. les longues séquences contemplatives dans la cité), ici entièrement en noir et blanc. Bizarre bizarre…