L'histoire :
Gerfaut, cadre et père de famille, se morfond dans sa déprime parisienne. Il se voit embarquer dans une course poursuite infernale après avoir porté assistance à un inconnu accidenté de la route. Il se trouvait tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Soupçonné d’en savoir trop, Gerfaut tombe sous le coup d’un contrat et devient la cible d’un couple de tueurs. Les tentatives de meurtres échouent, les accidents s’enchaînent, des rencontres fortuites et le plus souvent malheureuses… Ce festival d’emmerdes cessera un temps, dans un chalet alpin où, par résignation et faute de mieux, Gerfaut réapprendra à vivre. Ce calme ne s’avèrera que temporaire. Pour s’en sortir, Gerfaut devra aller au bout de l’action. Le fond du problème, quant à lui, demeure : après tout ça, que faire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette seconde adaptation d’un roman de Manchette, Tardi nous ressert du roman noir dans un noir et blanc de grande classe. Gerfaut, cadre déprimé, qui s’enfile whisky sur whisky sur fond de jazz et de blues West Coast, succède à Griffu le conseiller juridique. Tardi délaisse un temps son vieux Paris – besoin de souffler après les 4 volumes de la Commune. A la place, il nous ballade dans la France des mid 7O’s, de Mercedes en R16, du bord de mer aux Alpes, au gré des errances de Gerfaut. Cette fuite en avant lui sert de trame pour balancer la hargne et le dégoût qu’a Gerfaut-Manchette pour cette société qui pue la crise, comme Gerfaut pue la sueur. Il n’y a qu’à voir les unes de France Soir et écouter les infos sur l’autoradio pour comprendre que Gerfaut est le fils d’une société en rupture. La musique comme seule passion, la bagnole par dépit, l’alcool par habitude, la violence par opportunisme, l’isolement à la mode 68 pour un temps et finalement le retour au bercail par fatalité… Tout cela est servi par un graphisme que l’on connaît bien, dont les contours s’abstiennent de finesse pour ne s’attacher qu’aux aspects les plus sombres des personnages et de l’action. Il va de soit que le noir et blanc s’imposait pour une telle adaptation, toute couleur aurait été superflue. Même s’il s’en cache, chaque passage à Paris des différents acteurs est l’occasion pour Tardi de nous envoyer des cartes postales de la capitale, dont il finira par dépeindre toutes les époques, des plus glorieuses aux plus tristes !