L'histoire :
Etudiant en médecine dans la ville d’Edimbourg en 1828, Fettes arrive systématiquement en retard dans l’amphithéâtre dans lequel le Dr Knox donne ses cours de dissection. Il rejoint généralement son amie Jane Galbraith, dont il est secrètement amoureux. Jane est aussi impliquée et assidue que lui est timide et besogneux. Elle se permet par exemple d’intervenir pendant la dissection du corps pour suggérer de rechercher l’assassin du cadavre en présence. Knox et son assistant, le sombre McFarlane, l’enjoignent à se taire : l’objet du cours est une compréhension scientifique de la médecine, et non une démarche judiciaire. Jane rêve de devenir assistante de Knox. Hélas, non seulement elle n’est qu’auditrice libre, mais en plus elle est une femme ! Knox la tolère par amitié envers son père – et aussi parce que ce dernier est un généreux donateur. Le poste de second assistant est plutôt proposé à Fettes, qui tergiverse beaucoup avant d’accepter. Fettes a en effet tendance à tourner de l’œil devant les cadavres. Il accepte néanmoins, dans l’espoir du prestige procuré par ce poste aux yeux de Jane. Il découvre alors le fonctionnement curieux du service : chaque nuit, un sbire inquiétant nommé Gray apporte un nouveau cadavre frais au Collège Royal de Chirurgie. Mais où les trouve-t-il ? Sont-ils réellement des corps de prisonniers décédés et de condamnés à mort ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Pilleur de cimetières est l’adaptation en BD relativement fidèle et soigneusement séquencée de la nouvelle de Robert Louis Stevenson, Le voleur de cadavres (The body snatcher, 1884), par l’auteur complet majorquais Sebatià Cabot. Dans le fond, il s’agit d’une énième réinterprétation du pacte faustien : un étudiant en médecine compromet son équilibre psychique et sa carrière potentiellement prometteuse en mettant à jour, puis en participant aux pratiques morbides et assassines de l’assistant qui lui procure les corps pour les dissections en cours de l’éminent Dr Knox. Le cadre hivernal de la ville d’Edimbourg, dans l’époque du XIXème victorien, assurent l’ambiance lugubre. Sur le plan visuel, Cabot n’en rajoute donc pas des caisses dans la sinistrose : son dessin est plutôt joyeux, stylisé et caricatural sur les trombines aux cranes défoncés du Dr McFarlane, alter-ego du Gargamel des Schtroumpfs et de son sbire au strabisme divergeant, le fétide Gray. Le héros lui-même Fettes, a un nez outrageusement pointu. La colorisation faite d’aplats plutôt vifs et chamarrés peut surprendre, mais elle participe de la légèreté nécessaire au ton de la farce morbide. C’est aussi glauque et frais qu’un cadavre récemment déterré.