L'histoire :
Au lendemain de la décolonisation de Belzagor, Eddie Gundersen est l’un des rares humains à être resté sur cette planète, où il est accepté par les deux espèces dominantes qui la peuplent : les Nildoror et les Sulidor. Il y a même fondé une famille et s’est reconverti en une sorte de gourou, spécialiste du G’rakh – une religion qui confère des pouvoirs psy, dont on accède à l’aide d’une puissante drogue. Or, il s’est vu attribuer une mission très spéciale par le chef spirituel des Nildoror : conduire l’un de leurs enfants né difforme, jusqu’au pays interdit. Pour ce périple qui va les emmener jusqu’aux contrées glacées de Balzagor, il est accompagné par son ami sulidor Ti-Munilee, ainsi que par les parents nildoror de l’enfant. Cet enfant s’avère être un Belzadoror, c’est-à-dire la forme la plus évoluée des deux espèces, qui n’accèdent que très rarement, après bien des mues, à cet état… mais jamais en première naissance ! Cet enfant répond donc à une prophétie, qui annonce de terribles évènements. Or la petite troupe d’Eddie est suivie de près par le machiavélique Kurtz, qui occupe l’enveloppe charnelle de l’ex-femme d’Eddie. Kurtz a pour ambition de rapporter des larves de Naggiar sur Terre pour y lancer une production lucrative. Car c’est du venin des naggiars – des serpents géants – qu’est issue la précieuse drogue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce tome 2 est une suite cohérente, d’une suite originale. Reprenons. A l’origine, Retour sur Belzagor est un roman de SF de Robert Silverberg, qui a été excellemment adaptée par les Humanoïdes associés en BD (en diptyque, en 2017). Emballés – et on le serait à moins – par les possibilités de cet univers, Sam Timel et Bruno Lecigne ont donc imaginé une suite 100% originale, qui se situe dans le prolongement du premier diptyque. Cela se passe plusieurs années après le premier cycle. On retrouve dès la première planche nos protagonistes au cours d’une mission exploratoire à la fois mystique et périlleuse. Eddie Gundersen, alias Gundy, doit conduire un enfant né « difforme » jusqu’à une région septentrionale inhospitalière, pour qu’il rejoigne… une mystérieuse communauté. On apprend dans cet épisode ce qu’est en réalité cet enfant et le traitement que réserve ladite communauté à ces voyageurs qui osent outrager les rites en vigueur. Dans le même temps, l’ancien adversaire de Gundy réincarné dans l’enveloppe charnelle de sa femme (hé ouais !) les suit et les espionne, mais dans un tout autre but, plus lucratif – et néanmoins tout aussi périlleux. Au mépris des conventions sanitaires et du respect d’un microcosme hexogène, Kurtz veut importer sur Terre des larves de Naggiar, ces serpents géants qui nous avaient bien impressionnés sur le premier cycle. Evidemment, ça aussi, ça va très mal se passer. L’ensemble est de nouveau dessiné par Adrien Villesange, qui décline un monde imaginaire à la fois crédible, merveilleux et terrifiant au niveau de ses rites. Les jolies couleurs d’Alexandre Boucq sont la cerise sur le gâteau. Les amateurs de SF vont se régaler.