L'histoire :
Célibataire, graphiste et ultra urbaine, Lucie vient de fêter ses 30 ans. Depuis lors, elle déprime : sa vie file sans qu'elle la sente progresser. Elle aimerait trouver l'homme de sa vie et construire une autre phase avec lui. Elle appelle à l'aide sa copine Eleonore, qui a déjà deux enfants, un mari, une silhouette de grande classe et un plan de carrière professionnelle qui galope. Hélas, l'agaçante Eleonore lui prodigue quelques conseils avec un zest de mépris. Puis dans son horoscope, Lucie apprend que le lendemain, elle aura du succès auprès de la gente masculine. Elle met donc tous les atouts de son côté pour cette nouvelle journée à l'affut du prince charmant. En beauté, souriante, il lui semble le croiser à chaque coin de rue... Elle replonge hélas dans la déprime lorsqu'un ex petit ami, qu'elle croise et compte aussitôt reconquérir, l'invite à son mariage. Finalement, c'est en passant par le balcon de son voisin (elle a oublié ses clés chez elle) qu'elle a le coup de foudre pour l'un de ses amis, le beau Lambert. À partir de ce moment, Lambert, artiste photographe qui a de l'esprit et de l'allure, hante chacune de ses pensées. Elle saoule son entourage en ne parlant que de lui et l'idée d'être lovée dans ses bras s'oppose radicalement au week-end qui s'annonce : familial, en province, avec l'insupportable petite famille de sa soeur...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lucie s'en soucie est la réédition d'un récit de 120 pages paru en 1990 dans feu la collection Tohu-Bohu des Humanos. A cette occasion, la plupart des originaux ayant été égarés, Catel a retouché la plupart des planches exfiltrées de l'édition américaine de l'album. Lors d'une longue préface, Jean-Louis Bocquet (compagnon de Catel) re-situe le contexte de la rencontre entre Véronique Grisseaux et Catel, qui aboutira à cette chronique sociale adaptée à un public plutôt féminin. A travers ce texte, on comprend à quel point le personnage de Lucie et son auto-victimisation ont été inspirés par le quotidien réel des deux artistes amies, au sein de leur atelier commun parisien. A cette époque (le début des années 90), le tandem féminin a l'envie de créer le pendant féminin de Monsieur Jean (avec une dose de Bridget Jones), le personnage de Dupuy et Berberian. C'est d'ailleurs sous la houlettes de ce célèbre duo que se dessine leur destin d'auteur(e)s. Lucie sera donc une vision de la femme moderne et urbaine du XXIème siècle, et son prénom est un hommage à la Lucy australopithèque. Lucie reflète les préoccupations d'une personnalité-type et se révèle un témoignage tout à fait intéressant d'une époque et d'une quête de soi, d'une recherche vaine du prince charmant. Certes, avec son détachement de ton et ses centres d'intérêt urbains, ainsi que son dessin stylisé et balancé en noir et blanc, Lucie n'échappe pas à l'âme bo-bo, qui hante chaque recoin du récit – dans la stricte lignée de l'oeuvre de Dupuy et Berberian. Mais avouons que Catel et Grisseau étaient bien en avance sur notre époque des blogs féminins à succès qui surfent sur la chronique du quotidien, sans autre prétention que l'identification des lecteurs.