L'histoire :
C’est la grande fête de la rénovation sur Megalex, la planète-cité-loi toute de métal vêtue : l’ensemble des êtres qui atteignent l’âge limite de 40 ans sont invités à rejoindre le grand canal. Là, sous l’impulsion du tyrannique roi Zog niché dans son méga-cerveau, ces milliers d’individus explosent et trépassent en même temps, dans un orgasme morbide collectif, pour devenir un unique flot de sang. Une nouvelle génération de protobébés sort alors des usines et remplace scrupuleusement les disparus dans les foyers. Tout ce sang arrive alors directement au palais de Calam, par un formidable réseau de canalisations. Là, les aristocrates du régime peuvent se baigner dans une gigantesque piscine d’hémoglobine fraiche… Mais les rebelles empruntent également ce réseau, en nageant en apnée une demi-heure durant. Ils débouchent alors dans la salle principale du palais et attentent à la vie du roi. En vain ! L’anomalie et Adamâ sont capturés, tandis que Zeraïn perd ses ailes et se retrouve comme perdu face à la princesse Kavatah, qu’il hait et qu’il aime plus que tout. Incapable de l’assassiner comme prévu, il s’enfuit et se retrouve éjecté dans la forêt de Chem. Tous l’ignorent, mais ces évènements sont suivis et instillés en direct des souterrains de ce monde, par Cabot-Chaday, l’architecte et son fantôme, qui conspire(nt) pour restaurer l’harmonie de Giradieu, la planète végétale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les amateurs de BD « classiques » ont déjà passé leur chemin à la lecture de ce résumé peu orthodoxe. Il n’est néanmoins qu’un pâle reflet de l’original, nettement plus déjanté ! Il n’y en a pas 36, des scénaristes capables de pondre des mondes pareils. Très proche des Technopères de par son horreur et son décorum de SF outrancière, Alessandro Jodorowsky conclue un (premier ?) cycle doté d’une imagination inouïe, quoique mise en place de façon très « mécanique ». En effet, aussi imaginatifs et originaux qu’ils soient, les évènements s’enchaînent et se plaquent de manière très artificielle, sans grandes bribes d’humanité ou de « psychologie narrative »… Dans ce troisième tome dense de 56 planches, on apprend néanmoins énormément sur ce monde : sa création, son histoire, la mise en place du pouvoir tyrannique, l’identité de cet architecte fantôme qui manipule tout, le lien intime entre Zeraïn et Kavatah… Sans doute, comme à son habitude, Jodorowsky charge t-il un peu la barque… Surtout la fin, où tout se résout en trois coups de cuillère à pot… Le principal atout de l’album tient donc une nouvelle fois en son dessin. Car oui, accrochez-vous, il ne s’agit plus du tout de graphisme 3D ! Contre toute attente, Fred Beltran laisse ses ordinateurs dans les cartons et reprend un (vrai) crayon en main. Il respecte néanmoins la formidable modélisation infographique mise en place pour cet univers, sous ses moindres aspects (personnages, créatures, bâtiments, machines, planètes, robots…) pour livrer un dernier volume visuellement très cohérent, qui reflète une nouvelle fois un énorme boulot ! En marge de révéler une nouvelle facette de son talent, pas si loin de l’œuvre d’un certain Moebius, sa démarche artistique mérite d’être saluée…