L'histoire :
Monsieur Jean dort mal la nuit. Il fait un cauchemar, toujours le même : trois mafioso habillés de costumes noirs et armés, le menacent de mort jusqu’à ce qu’un imprévu (comme le film Baisés volés de François Truffaut) lui accorde un sursis. D’après son ami Clément, tout est très clair et pas si grave : la sainte Trinité personnifiée le culpabilise d’encore se tripoter, seul, dans son bain… Aucune comparaison avec le calvaire que vit Félix célibataire. Lorsqu’il prend le bus, c’est pour prendre une rouste après s’être opposé à un molosse qui frappe sa femme. Sans compter qu’ingrate, elle en rajoute une couche. Puis, montent des amoureux qui s’enlacent et se bécotent sur le banc en face de lui. Trop, c’est trop ! Dans la vie, la seule chose qui puisse vous tomber dessus, ce sont les emmerdes, toujours communicatives. Alors qu’un baiser, cela n’arrive pas à chaque coin de rue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Monsieur Jean, série star consacrée à Angoulême (« Vivons heureux sans en avoir l’air » Alph’Art du meilleur album 1999) est désormais édité chez Dupuis depuis son déménagement et l’Inventaire avant travaux, sixième opus. Mais c’est aux Humanoïdes Associés que le héros lambda de Philippes Dupuy et Charles Berberian se fit connaître et rencontra le succès. Chronologiquement, La théorie des gens seuls se place vers la fin du troisième tome, lorsque l’homme prend conscience des priorités : les femmes et les enfants d’abord. L’édition originale parut en mars 2000, déjà dans la collection Tohu Bohu, s’offre donc près de six après, un petit relooking. Une couverture verte et marron remplace une plus sombre rouge et noire. Le ton est donné : plus léger. Même s’il fait l’ouverture et conclut le volume, Monsieur Jean laisse un temps la vedette à ses amis et notamment Félix, célibataire endurci, expert en la matière et pensant ainsi en savoir plus long que tout le monde sur le sujet. En fait et quoi qu’il en dise, sa théorie se heurte rapidement à une sérieuse aporie : la solitude pèse. A trop ouvrir sa grande gueule et se complaire à donner des leçons, l’atrophie guette et la dépression survient… Ces quelques anecdotes cyniques se parcourent facilement. Et, même si l’ensemble souffre d’un manque de liant, la satire souvent juste du quotidien sort encore renforcée de planches laissées nues du seul trait alerte et épuré. On sourit ou l’on rit jaune. Et dire que la réalité dépasse la fiction… Côté finance (impôts) ou cœur, décidemment, il ne fait pas bon être célibataire !