L'histoire :
Dans les années 2070, une nouvelle drogue de synthèse, le LAG, est mise au point, qui permet de booster les capacités du cerveau humain. La vente libre est autorisée et l’humanité connait alors un bond technologique et économique… de très court terme. Car un effet indésirable à retardement s’abat sur la population mondiale : une épidémie de sommeil ! Ce syndrome « Morpheus » impose progressivement à chacun des durées de sommeil quotidien de 20h ! C’est l’effondrement. L’humanité s’organise comme elle le peut pour assurer un minimum de subsistance à des unités robotiques. Chaque individu se retrouve avec des quotas de travail obligatoire sur ses heures de veille, afin d’entretenir et programmer cette subsistance, la Taxe-Temps d’Utilité Publique (TTUP). Et tandis qu’une organisation rebelle se met en place contre ce système, des chercheurs tentent de trouver un remède. Leur piste : l’ADN des quelques rares personnes qui ne sont pas affectées par le Morpheus. Dans ce contexte, Juliette est une « chasseuse » (une policière de terrains qui traque les trolls). Elle élève seule sa fillette Chloé, qui dort la grande majorité du temps dans son appartement de Prague, avec l’aide de son robot domestique Teacher. On l’envoie ce jour-là en intervention sur le site d’un labo génétique qui s’apprête à être saboté par des trolls. Juliette confirme sa pleine veille de 4h, confie Chloé à Teacher qui sort fraîchement de sa révision, puis rejoint des collègues en planque sur le toit d’un immeuble…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on pense à un lendemain d’anticipation post-apocalyptique, on s’imagine la planète contaminée par une radioactivité plurimillénaire. Dans son roman Les bras de Morphée, le breton Yann Bécu a eu une toute autre idée, en contrepied : le grand effondrement est généré en 2078 par une épidémie de… dodo ! A vouloir booster le cerveau humain, nos bons savants ont en effet créé une sorte de virus qui oblige la population mondiale à roupiller 20h sur 24h. Ce qui n’est plus trop pratique pour faire un 18 trous au golf ou toute autre activité, d’ailleurs. Ce contexte fâcheux est explicité dans les pages de garde de cette adaptation BD, à travers des extraits d’articles… Quand la longue séquence BD de 110 pages débute, le lecteur se trouve déjà à Prague, aux côtés d’une « chasseuse » de « trolls ». L’héroïne Juliette est en effet une sorte de flic de terrain qui tente de neutraliser les groupes terroristes conspirationnistes. Comme dans la série TV The last of us, elle se lance dans une quête initiatique pédestre, accompagnée par sa fille qui dort tout le temps, de plusieurs robots protecteurs et d’un généticien qui promet la mise au point d’un remède dans un labo de Berlin. Prague-Berlin à pieds, via Dresde, ça fait un bout de chemin (3 jours, selon Google Map). Evidemment, ils vont trouver un paquet d’obstacles et d’ennemis sur leur chemin, ce qui assure une intrigue tendue du début à la fin, avec son lot de rebondissements, des moments tendres et d’autres plus sanglants. Bécu adapte lui-même son roman en conservant le contexte et la trame générale, mais en s’en éloignant tout de même pas mal : dans celui-ci, c’est un prof de français qui veille et qui joue les trolls. L’action et la direction générale sont plus présentes dans la BD. Le dessin réaliste de l’italien Francesco Trifogli, complété par la colorisation de son compatriote Axel Gonzalbo s’avèrent d’excellents vecteurs pour nous tenir en haleine et en immersion tout au long de ce thriller post-pandémico-apocalyptique.