L'histoire :
Au temps de la dynastie Yuang (fin du XIIIe en Chine), le policier Wang doit mener une enquête sur un double meurtre et un enlèvement. En effet, un important fonctionnaire et un commerçant tibétain, ont tous deux été tués de nuit, d’une flèche en plein cœur. Puis Yong-Li, épouse du riche marchand Feng-Taï, a disparue et une forte rançon a été réclamée. Le puissant gouverneur est persuadé que ces méfaits sont l’œuvre d’un pirate appelé Tigre blanc. Il est donc demandé à Wang de procéder à son arrestation au plus tôt. Or, Wang est bien placé pour savoir que Tigre blanc n’est en rien responsable des meurtres puisque « cette » pirate est… son amante ! En revanche, en enlevant Feng-Taï, elle est allée trop loin et Wang est, cette fois, bien décidé à l’arrêter. Toutefois, il est imposé à Wang de collaborer avec un redoutable concurrent : pour retrouver sa femme, Feng-Taï a engagé les services de Shun le sanglant, un mercenaire aux méthodes cruelles. Un piège est donc tendu à Tigre blanc, avec l’aide d’une ancienne de ses victimes. Mais la pirate parvient à s’enfuir. Wang trouve alors des indices qui impliquent Feng-Taï dans le double meurtre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hormis un dénouement cohérent et plutôt prenant, on retrouve dans ce second volet les mêmes attributs narratifs et graphiques que sur le premier tome. Le scénario de Patrick Weber nous replonge avec plaisir dans cette société médiévale pleine de retenue et parfaitement brossée. Une mention spéciale est à apporter à la manière dont Wang révèle finalement le meurtrier : lors d’une séance commune, il multiplie les ruses à son encontre tout en restant d’une courtoise flagornerie, et amène ainsi ce dernier à s’auto-désigner en public. Le code de l’honneur et les coutumes sociales asiatiques sont ainsi habilement résumées dans cette séquence, clé de voûte de l’intrigue. Côté graphisme, Emanuele Tenderini s’accommode visiblement fort bien des scènes statiques : les décors sont toujours soignés, cette vision de la Chine médiévale demeure parfaitement réaliste. En revanche, dès qu’une scène d’action se profile, c’est une autre affaire : la gestion des mouvements est un peu bancale (surtout le duel final, avec plein de lignes de fuite partout, sans qu’on comprenne très bien qui pourfend qui). Surtout, la dessinatrice-coloriste fait une nouvelle fois la part belle à sa gestion de la lumière, aux contrastes volontairement diffus et baignés de légères tonalités, comme neutralisées. Un must en matière d’ambiance feutrée…