L'histoire :
« Je savais » : L’employée de la boulangerie Saint Charles savait que cette journée aurait une saveur toute particulière. Elle savait que M. Sitruk allait mourir et elle savait qui serait son assassin. Elle savait à quelle heure ce client fidèle allait se présenter devant son comptoir. Elle savait ce qu’il dirait en arrivant et ce qu’il commanderait à manger. Pour en avoir discuté avec lui, elle savait qu’il souffrait d’une grave allergie alimentaire à la pomme de terre, à l’aubergine et à la tomate. Elle savait que monsieur Sitruk avait des ennemis, qu’ils étaient bien renseignés sur lui et prêts à tout pour arriver à leurs fins. Elle savait que ces ennemis connaissaient sa maladie et ses habitudes ; notamment celle de venir acheter à manger quasiment tous les midis au Saint Charles. Elle savait tout cela car elle avait été approchée pour éliminer Mr Sitruk. C’était le crime parfait. Au lieu de mettre du cyanure dans son sandwich, elle n’avait qu’à placer des rondelles de tomates. Aucune trace, aucune possibilité de s’en sortir… à moins que certaines choses échappent inexorablement à son contrôle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le festival du Polar de Cognac est une institution incontournable pour les amateurs de suspense en tous genres (BD, cinéma, littérature, TV, théâtre). Créée en 1995, cette manifestation a entre autres récompensé les séries BD comme Nobody (De Metter), Jérôme K. Jérôme Bloche (Dodier), Canardo (Sokal), Choc (Malataite), Le maître de Bentson Gate (Nury), etc. Voilà ici un album collectif de 15 histoires courtes réalisées par une trentaine d’auteurs dont certains de renom (Daeninckx, JD Morvan, Miniac, Liberge...) et d’autres prometteurs qui ont tous été sélectionnés par le directeur du festival de Cognac (Bernard Bec). Réaliser un polar de 4 à 6 pages relève de la gageure : à peine l’histoire mise en place que son dénouement est déjà sur le point d’être révélé. Meurtres sordides, jalousie, vengeance, salauds de tous poils, autant d’ingrédients qui vont être au cœur de ces histoires courtes. La plupart des scénarii sont classiques mais efficaces. Quand l’exercice est bien maîtrisé, on se laisse cueillir par la chute. Graphiquement, cet album est très diversifié avec des styles bien différents mais globalement de très bonne tenue, ce qui est assez rare pour un album collectif, et ce qui mérite d’être souligné. Que ce soit en couleur ou en noir et blanc, la mécanique opère. Preuve de l’attachement des auteurs à ce festival du polar de Cognac, la majorité d’entre eux a fait don de ses droits d’auteur. Les Humanoïdes associées, quant à eux, reverseront les bénéfices de la vente de ce livre au festival, dont les dotations publiques sont revues à la baisse.