L'histoire :
L’ex-lieutenant et directeur de barrage Gundersen revient sur la planète Belzagor huit ans après l’avoir quittée, huit ans après la décolonisation. Il est désormais « guide » pour un couple de scientifiques ethnologues, qui veulent assister à la mystérieuse « cérémonie de la renaissance » à laquelle se prêtent les deux espèces intelligentes de la planète lorsque ses cinq lunes sont alignées. Or après un douloureux processus de décolonisation humaine, les Nildoror (qui ressemblent à des pachydermes verts, munis de longues défenses) et les Sulidoror (qui ressemblent à des singes géants, maigres et rouges, à longues dents) ne sont pas franchement enclins à laisser des humains pénétrer leur plus grand secret. Après d’âpres négociations et une volonté farouche, Gundersen parvient cependant à se lier d’amitié avec un Nildoror, Sprin’Gahar. Ce dernier l’emmène pour une longue expédition vers le point de conjonction pour le rituel, au pays des brumes. En plus des scientifiques, leur équipe se compose du camé Van Beneker – ancien employé de Gundersen – et de Seena – l’ex-femme de Gundersen, désormais mariée au renégat Kurtz. Or dans le deal négocié par les Nildoror, il y a l’arrestation de ce Kurtz, qui a quelques longueurs d’avance pour accomplir, sur son propre corps, la cérémonie de la renaissance. Lui aussi drogué au dernier degré, Kurtz est en effet persuadé d’aboutir, via cet acte, à une quête d’absolu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Waow, ça c’est de la science-fiction ! Le scénariste Philippe Thirault finit ici d’adapter en diptyque le roman Les profondeurs de la terre de Robert Silverberg et… le dépaysement est garanti, tant visuel que conceptuel. En premier lieu, le dessin réaliste de Laura Zuccheri vous en mettra une nouvelle fois plein les mirettes. La dessinatrice italienne soigne et peaufine l’univers de cette lointaine planète comme rarement. Elle est aussi à l’aise dans les représentations et les mouvements réalistes des humains – une donnée à peu près connue des lecteurs – que pour poser des paysages merveilleux, grandioses, établis sur des particularismes végétaux et minéraux aussi insolites que le « bestiaire » – pardon aux Nildoror et aux Sulidoror pour l’emploi du terme bestiaire, s’agissant d’espèces plus intelligentes que nous autres humains. Le fond de l’aventure n’est pas en reste, qui marie de grands et dignes principes humanistes aux périls frissonnants de l’exploration en terres inconnues. Or cela a beau être de la SF, les thématiques universelles font sens avec nos préoccupations sociales d’aujourd’hui, d’hier et de demain : racisme, écologie, tolérance… fidélité… Car une grosse dose de romance accompagne aussi nos protagonistes tout au long de leur périple vers un grand secret qui sera (chic !) bel et bien dévoilé. Les concepts maniés, ainsi que la violence de certaines scènes, recommandent cependant la lecture aux plus de 16 ans.