L'histoire :
Perché sur une branche d’arbre, un homme « de la nature » a comme une révélation en voyant de loin les lueurs d’une mégalopole : il faut qu’il s’y rende. En silence, il entreprend alors une longue marche et débarque enfin aux frontières de la ville gigantesque, au pied des bulldozers qui oeuvrent à son extension permanente. Au milieu des citadins, ce colosse aux allures de benêt rustique dénote totalement. Il est tellement paumé dans le métro, qu’il tente de passer un guichet en… défonçant le portique. Une gentille vieille dame le prend alors sous son aile. Quelques heures plus tard, le commissaire Mornières est sur une scène de crime atroce. La petite vieille a été retrouvée trucidée dans le métro. Malgré son introversion maladive et de graves problèmes familiaux, cet enquêteur d’une grande compétence professionnelle suit alors la piste de l’étranger. Car rapidement un second carnage a lieu, dans la boutique d’un fleuriste. Avec une brutalité inouïe, le colosse propulse deux vigiles contre les parois et prend la fuite en métro. C’est alors que sa rame croise celle de Mornières…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Encore une nouvelle série initiée par le très prolifique scénariste Jean-David Morvan ! Et ce n’est que la seconde éditée par les Humanos (après le moyen Nirta Omirli). Néanmoins, Morvan demeure plus que jamais une valeur sûre de la BD, qui sait s’entourer de dessinateurs inconnus et talentueux. Pour une première réalisation, le dessin de Nesmo (Alexandre Nesme) est d’une rare maîtrise graphique. Visuellement proche des films La cité des enfants perdus ou L’armée des douze singes, Nesmo est très à l’aise dans cet univers de steampunk glauque, souvent à travers un rendu impeccable de l’ambiance oppressante des souterrains du métro. Il excelle véritablement dans les techniques de mise en scène, plongées, contre plongées, profondeur de champs, cadrages savants… ou lorsqu’il s’agit, par exemple, de faire progresser les personnages en plusieurs cases, mais à travers un décor identique, en panoramique. Bref, étant donné que la narration est orchestrée par un Morvan en forme, le résultat est véritablement enthousiasmant. Une fois de plus Morvan distille un suspens soutenu avec des personnages attachants, une intrigue palpitante avec un univers de steampunk jubilatoire… Une histoire qui débute fort bien !