L'histoire :
En l’an 1220, une escouade de chevaliers teutoniques, accompagnés par un évèque, mènent leurs chevaux au galop jusqu’à une immense porte incrustée dans une paroi rocheuse des montagnes syriennes du Djebel. Ils pénètrent alors dans un sanctuaire d’apparence démoniaque. Ils sont motivés par une mission divine d’une extrême importance : éradiquer l’abomination qui se trouve enfermée ici depuis des millénaires. Il s’agit de faire vite, en tout cas avant que le cheik ennemi Al Djebel, chef de la secte des assassins, ne l’utilise à son profit. Ils découvrent effectivement la créature cornue, gigantesque et effroyable. Celle-ci n’a pas besoin de se mouvoir pour agir : les chevaliers teutoniques semblent un instant médusés, incapables d’attaquer… puis ils se pourfendent chacun le corps de leurs épées. Le pouvoir d’autosuggestion de la créature est trop puissant. Seul survivant, terrorisé, l’évèque s’enfuit dans le dédale souterrain, en psalmodiant des prières. Il parvient à s’en extraire vivant, par un conduit haut perché dans la montagne. Il racontera cette expérience dans un grimoire, qui restera longtemps confidentiel. Il faut ensuite attendre l’année 1934 pour qu’un modeste cultivateur tombe dans un effondrement de terrain. Il découvre alors une grotte contenant des macchabées, des tablettes gravées d’écritures ougarits et des nuées de scorpions. Les autorités font officiellement appel à un archéologue français, Delorme, pour étudier ce site… mais en douce, un commissaire appelle aussi Berlin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La trilogie Sanctuaire de Christophe Bec, fondatrice d’un thriller horrifique particulièrement efficace, a déjà engendré une version manga (Sanctuaire reminded), une version reloaded (Sanctuaire redux)… voilà à présent la préquelle Sanctuaire genesis ! Car oui, après tout, kéceussé que cette créature cornue surpuissante et démoniaque tapie au fond d’une grotte abyssale syrienne ? Hélas, vous ne le saurez toujours pas dans ce premier volet, qui convoque plutôt un archétype surexploité en BD : les nazis et leur désir d’utiliser les puissances occultes afin d’asseoir leur suprématie. Contrairement à ce que suppose la couverture, le temps des croisades et des chevaliers teutoniques ne représentent que les 6 premières pages (sur 54), en guise de mise en bouche (lire résumé). En sus, l’année 1934 en Syrie n’est pas non plus une « genèse » au sens strict du terme. Le scénariste Philippe Thirault développe donc, certes tout à fait professionnellement, un parti-pris narratif décevant, au regard du titre et de la couverture. Dans un contexte proche de celui des Indiana Jones, horribles nazis et archéologues pervertis palabrent et se disputent le cœur d’une femme, dans une ambiance malsaine et maléfique un poil pesante… mais pas assez pour être un exhausteur de suspense psychologique, très loin de l’épouvante provoquée par la trilogie mère. Au dessin, Stefano Raffaele fait quant à lui « le job » de son trait réaliste expert, mais trop peu d’occasions lui sont données de rendre cette préquelle effectivement spectaculaire et/ou frissonnante.