L'histoire :
En 1934, dans le désert syrien de Ras Shamra, des officiers du IIIème Reich ont pris le contrôle de fouilles archéologiques sur le site mis à jour d’un temple ougarit. Tous les signes indiquent qu’une puissance occulte incommensurable se trouve tapie là, que le Reich annexerait volontiers à sa conquête du monde. A contrecœur, le général von Götz a fait appel à un archéologue juif, Kämper, pour épauler le français Delorme. Sur le campement, Kämper se paie l’outrecuidance de piquer la gracieuse épouse de Delorme… puis il est mortellement piqué par un scorpion. On fait alors appel à un sorcier bédouin, appartenant à une secte qui protège le sanctuaire. Dans le secret de sa tente, celui-ci le sauve à l’aide d’incantations et en taillant un symbole au couteau, dans le sang, sur le torse de l’archéologue. En contrepartie, il lui fait promettre de renoncer à pénétrer dans le sanctuaire. En une poignée d’heures, Kämper ressuscite littéralement. Hélas, pressés d’obtenir des résultats, les allemands font sauter à la dynamite le mur d’accès au sanctuaire. Une ouverture béante est désormais à l’air libre. Et tandis que les autochtones fuient épouvantés cet endroit maudit, Delorme, Kämper et von Götz y pénètrent, jusqu’à un puits d’une profondeur abyssale, d’où s’échappe une odeur pestilentielle. Ils en ressortent pour s’équiper afin d’y descendre, mais découvrent alors que des dizaines d’ouvriers du chantier se sont subitement suicidés en s’empalant sur leurs pioches. Tous sauf un, prostré, afin qu’il puisse témoigner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement à ce qu’indique le titre de ce cross-over en deux tomes de Sanctuaire, vous n’en saurez pas plus sur la « genèse » (au sens premier du terme, les origines) de ce temple ougarit habité par un diable cornu géant. Prenant pour contexte les années 30, la problématique découle d’un archétype archi-éculé du thriller ésotérique : l’appétit pour l’occultisme du IIIème Reich. L’intrigue poursuit et conclut donc un épisode intermédiaire se bornant à surfer une nouvelle fois sur la puissance démoniaque émanant du lieu. Malgré sa dentition archaïque et effritée, le démon rougeâtre tapi dans le sanctuaire n’a d’ailleurs guère besoin de forcer son talent pour impressionner : le suicide par auto-suggestion suffit à éradiquer les microbes humains. Et puisque la puissance est toujours active et secrète en l’année 2029 (date où se déroule la trilogie Sanctuaire) et que le Reich a perdu la seconde guerre mondiale, on se doute d’emblée que les velléités allemandes seront contrariées. Dans le fond, ce diptyque n’apporte rien à l’affaire. Dans sa forme narrative, le duo de scénaristes Christophe Bec – Philippe Thirault ne fait pas montre d’une inspiration infernale ; hormis quelques trop rares et jolis cadrages, le dessin de Stefano Raffaele ne semble pas trop y croire non plus. Peu perturbés par une affaire d’adultère (pas du tout convaincante) en leurs rangs, les profanateurs franco-judéo-nazis profanent, donc, et ça leur retombe violemment sur le râble. Comme le permet le registre, des phénomènes épouvantables se déchainent, avec force hémoglobine, scorpions et destruction. La folie et l’oubli sont les plus faciles et meilleures des issus. Une relecture du huis-clos oppressant de la trilogie originale est préférable.