L'histoire :
Depuis le début revient le même cauchemar : juché sur une bête infernale, le garçon sans visage met le feu au monde puis, tout sourire, brûle vif l’Homme impuissant… Domaine Raspe dans les Hamptons, Solomon s’éveille et gagne rapidement son poste de contrôle à distance. Car au nord de la province d’Alberta, sur le versant d’une montagne boisée et enneigée, l’équipe opérationnelle est en place et n’attend plus que son feu vert. L’objectif : reprendre le contrôle d’un centre dédié à la recherche génétique investi par l’ennemi. Récemment admis, un patient nommé Stephen O’Brien semble posséder d’exceptionnels pouvoirs attisant la convoitise de Talbot et donc par symétrie constitue une priorité. La citadelle est gardée visiblement par quelques Seeds de seconde catégorie. John parvient facilement, seul, à neutraliser 3 d’entre eux qui gardaient l’entrée sud du complexe en usant de son pouvoir pour imiter les traits d’un parent adverse et profiter de l’effet de surprise. Un effet de surprise renforcé par le tir soudain d’une roquette (venue de la deuxième équipe) doublé du plastiquage de l’accès principal et des derniers opposants. Désormais, il faut à John et Henry mettre la main sur cet O’Brien le plus rapidement possible, l’opération ne devant pas excéder 10 mn. Mais, renseigné par liaison satellitaire, il semble que le commando doive se méfier : le schéma des réactions climatiques indiquerait la présence d’un Seed redoutable, Douglas McCloud, alias Fever, extrêmement puissant ! La « fièvre » monte, le temps se gâte. D’autant qu’O’Brien, recensé décédé, laisse derrière lui deux jeunes fils et jumeaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome avait laissé une impression mitigée, à confirmer. Avec ce second, Alex Cruz et Marc Riou franchissent un cap et installent en mieux leur série. En fermant l’album, un indéniable sentiment de montée en puissance habite le lecteur : l’intrigue noire et complexe convainc enfin. D’inspiration outre-atlantique, le scénario offre une atmosphère fantastique baignée d’ésotérisme. A l’heure où des possibles gardiens de l’humanité (Watchmen, Alan Moore) s’entredéchirent, Solomon et Talbot rivalisent pour s’attacher les services des meilleurs Seeds, recrutant les plus puissants « mutants » (X-Men), l’enjeu étant bien sûr le devenir du monde. Outre les nombreuses références comics, la problématique rejoint donc aussi une thématique biblique jouant des Livres comme ceux de la Génèse ou de l’Apocalypse. Sujet toujours passionnant, le traitement se révèle intéressant, l’ambiance convaincante et les révélations arrivent en fin de tome. Bien des atouts en somme. Cependant quelques réserves demeurent. Tout d’abord, n’espérez pas comprendre ce deuxième opus sans avoir lu le premier, vous vous perdriez. Ensuite, accrochez-vous car découpage et cadrages ne laissent aucun répit ! Parfaitement construite, rythmée et maîtrisée, l’intrigue demande une attention soutenue car le dessin (des personnages notamment) prête parfois à confusion. Délibérément encré et tourmenté, si le trait participe activement au mystère, il alterne l’excellent et le moins bon. En p.26, le travelling serré d’une bouche d’égout fumante masque un vieil immeuble décrépi (dont émerge le héros) aux néons aguicheurs ; en p.29, le même John Russel mangeant un hot-dog paraît difforme. Ce qui fonctionne parfaitement en couverture convainc parfois moins à l’intérieur en dépit d’une colorisation crépusculaire sombre à souhait. En résumé, un Seed est un maître dans l’art de l’illusion, des faux-semblants. De même, Seed est une série piégeuse qui joue du mystère tout en avançant à grands pas vers sa chute. Après avoir confirmé, reste à conclure. Les fans suivront-ils ? La suite de l’aventure y répondra très prochainement…