L'histoire :
Début juin 1989, le journaliste Olivier Varèse est à Pékin. Il est réveillé ce matin-là par le mitraillage de sa chambre d’hôtel : l’armée a repris la ville aux manifestations étudiantes. Il est au cœur du maelström, à 500 mètres de la place Tien An Men et l’ampleur de l’évènement le dépasse. Soudain, une belle brune en tailleur l’embarque à bord de sa limousine. Elle se présente comme madame Kokonino, propriétaire d’un célèbre et gigantesque parc d’attraction au Japon. Elle a besoin de lui en tant que journaliste occidental, pour qu’il témoigne, photos à l’appui, de l’horreur d’une exécution de masse de 200 étudiants capturés. Varèse voudrait refuser, mais il est trop tard : il est tapi à proximité du stade où se déroule l’horreur. Et il photographie à tour de bras. Il se retrouve là à espionner ces exaction en compagnie d’un drôle de type, plutôt sympa, appelé Frenchman. Or le lendemain, à la frontière, les douaniers l’obligent à ouvrir son appareil photo : il est vide ! Varèse a juste oublié de mettre une pellicule. Autant dire qu’à la rédaction du Globe à Genève, ça chauffe pour son matricule. Il est même viré, manu militari, quand il reçoit une lettre : madame Kokonino, la milliardaire japonaise, veut le voir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Série publiée au début des années 90, Les dossiers d’Olivier Varèse bénéficie elle aussi de la vaste politique de rééditions des Humanoïdes associés. Dans cette version rebaptisée Varèse tout court, les tomes 2 et 3 qui constituaient l’aventure complète et cohérente autour de Kokonico world sont réunies en une seule intégrale de 95 pages. Premier constat : le trait semi-réaliste d’Enrico Marini était déjà particulièrement affuté, besogné et détaillé, au service d’une fluidité de lecture des plus agréables. Ici, tout part de la révolution étudiante de la place Tien-An-men, un évènement politique majeur de la fin du XXème siècle… pour aussitôt basculer dans une aventure singulièrement rocambolesque. Notre héros journaliste-looser se retrouve en effet emberlificoté dans les magouilles pas toujours très fluides d’une propriétaire d’un parc d’attraction mégalo… Au scénario, Thierry Smolderen n’a pas son pareil pour avancer bien en dehors des sentiers battus, aussi bien en termes de rebondissements qu’en termes de mécaniques narratives. C’est théoriquement appréciable, mais il en ressort dans cette histoire-là une impression de confusion globale, mâtinée de culture manga (un brin de modernité, à cette époque !). Divertissante et sans prétention, la lecture y gagne néanmoins en dialogues peaufinés et en action survoltée, un mix savant qui faisait le lit du 9ème art il y a déjà plus de 20 ans…