L'histoire :
Jimmy travaille à la librairie Pantoute à Québec, fait de la musique, dessine, et est atteint du syndrome du « bon pote » : entouré d’une ribambelle d’amiEs, amoureux de chacune d’entre elles, il souffre à 24 ans d’une vie sexuelle désespérément inexistante. Embourbé dans une existence ronronnante, contraires à ses aspirations affectives et artistiques, il décide un jour de quitter la capitale pour s’installer à Montréal. Si le changement n’est pas révolutionnaire, il se construit cependant peu à peu : Jimmy dessine de plus en plus, participe à la revue naissante Spoutnik créée par ses collègues libraires, et rencontre à cette occasion Albert Chartier, pionnier de la bande dessinée québécoise, qui accepte de participer au deuxième numéro. Dans la foulée, il co-fonde la maison d’édition Mécanique Générale. Les échecs sentimentaux perdurent cependant, jusqu’à ce qu’une certaine Mélissa se présente à la librairie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Certains le connaissent pour les dialogues chaleureusement québécois de la série Magasin Général, d’autres savent l’importance de sa présence dans la sphère autoriale, éditoriale et critique d’une bande dessinée canadienne qui ne se limite pas à Rabagliati. Fondateur de maisons d’édition indépendantes (Mécanique Générale, Colosse), Jimmy Beaulieu oeuvre depuis toujours à la diffusion d’une création graphique libre. Comme toujours dans son processus d’écriture, il fonctionne par fragments : Aventures est une somme autobiographique de journaux publiés antérieurement sous les titres Quelques Pelures, Le Moral des Troupes et Résine de Synthèse. Il a remodelé la matière de ces albums qui retracent, à partir de 1998, 15 ans de sa vie, et les a agrémenté d’une soixantaine de pages inédites afin d’en créer une narration liée. Ce procédé crée une structure palimpsestique assez intéressante, puisque les temps des évènements, de leur écriture, et de leur réécriture, se superposent les uns aux autres ou s’entremêlent. Les expériences de techniques et la maturité graphique dont on observe le parcours sont en réalité redistribuées et perlées dans le récit. Ainsi se dégagent de belles planches marquées par un trait qui peut se montrer aussi libre que précis et rigoureux. Cependant, contrairement au travail onirique et fantasmatique d’A la faveur de la nuit et de Comédie sentimentale pornographique qui a fait leur succès, le scénario présente ici quelques longueurs. Si l’autodérision, les réflexions philosophiques, politiques, culturelles de la deuxième partie du livre permettent à son récit personnel de gagner en profondeur, les considérations d’un célibataire désoeuvré de la première moitié ont tendance à rappeler un réalisme cinématographique français en manque de recul et d’humour. Cet écart ne fait que mettre à jour le chemin, personnel et artistique, parcouru par l’homme. Un bilan nécessaire pour mieux passer à la suite ?