L'histoire :
Montcigoux, Dordogne, automne 1907 : René Henry de la Mondiere, noble local, vient de racheter le château de la famille Pagnon de Montalbert. Alors qu'il fait procéder à l'arrachage d'un vieux cyprès trônant dans le jardin depuis des siècles, des coffrets sont découverts sous ses racines, contenant des ossements humains d'enfants. 1913 : procédant cette fois-ci à la réalisation d'une cave, au centre d'une vieille chambre de rez-de-chaussée inoccupée, un squelette adulte est découvert. Cette fois, une enquête est ouverte. Jean Barrette, fermier sur ces terres depuis son enfance, est convoqué et va raconter une histoire incroyable... qui n'élucidera cependant pas entièrement le mystère des Pagnon de Fontaubert, et de la triste fin de vie d'Ernestine, la sœur d'Ernest, le maître de l'époque.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est toujours difficile de créer une bande dessinée à partir d'éléments historiques. Surtout lorsque, comme le fait avec talent Jean Depelley, on s'attaque à un fait divers peu connu en dehors de ce coin reculé de Dordogne. Ce sont d'ailleurs les éditions patrimoniales Les Monédières qui se sont emparées de cette bande dessinée, réussissant avec brio à nous emporter dans une affaire truculente et dramatique, entre Zola, Maupassant et Alexandre Dumas, en n'omettant peut-être pas Maurice Leblanc, présence de cercueils oblige. Il faut dire que les journaux de l'époque (le Courrier du centre de Limoges, surtout), avaient relayé l'affaire en 1933, qui avait fait grand bruit. Mais rien ne serait arrivé à nos yeux et nos oreilles, partant des chroniques peu sourcées du journaliste de ce canard, Antoine Valérie, sans les recherches de Marc Wilmart et la ténacité du généalogiste et chercheur en histoire Bernard Jean Aumasson. Ce dernier mena l'enquête à partir de 2013, jusqu'aux États Unis, afin de ramener la part de vérité qui manquait à cette affaire. Dans celle-ci, le destin d’une jeune femme brillante et heureuse a basculé, révélant des mœurs peu avouables dans un milieu aisé. Un drame faisant écho aujourd’hui pleinement aux faits divers sordides et aux violences faites aux femmes. C'est donc sur ces dernières révélations que se sont appuyés Jean Depelley et son compère Christophe Compin, pour mettre en lumière et offrir au plus large public cette incroyable histoire française. Christophe Compin est assez rare dans les librairies BD, car édité par de petites structures. Il réalisant cependant là un travail graphique de belle qualité, tant au niveau dessin, encrage, que colorisation. Certains passages évoqueront feu Pierre Wininger, l'auteur entre autre de la série Victor Billetdoux, aujourd’hui réédité par les Aventuriers de l’Etrange. Un dessinateur que l'on prendra plaisir à revoir ailleurs, et un album réussit dont on souhaite le succès mérité.