L'histoire :
Ponctitude. Aujourd’hui, Canetor s’affère. C’est que la Canetorette doit arriver sous peu et le jardin ressemble à un vrai dépotoir ! Le canard range donc, trie et balance par-dessus la palissade les outils dont il ne veut plus. Mais si occupé, Canetor en oublie le monde qui l’entoure. Comment répondrait-il alors aux appels en détresse de la Canetorette agressée, prise dans une échauffourée puis emmenée blessée à l’hôpital ? Lorsque Canetor a terminé de ranger, l’heure du rendez-vous est passée et la belle se fait « naturellement » désirer…
Maladie. La Canetorette est une amie dévouée. Canetor malade, elle est aux petits soins pour lui. Elle lui apporte des fleurs, prend sa température, rajoute couverture et oreiller, lui fait prendre ses médicaments, lui fait la lecture, etc. Une attention débordante donc mais aussi un trop plein envahissant : pas une minute de répit pour notre pauvre canard…
Le veau. La Canetorette aime les fleurs mais elle a peur des veaux. Le sachant, Canetor prend un malin plaisir à lui faire peur ! Déguisé en veau, il la surprend en train de cueillir des marguerites et lui vole ses chaussures. Le temps passe et la nuit vient. Lorsqu’il faut rentrer à la maison, la Canetorette doit passer les ronces pieds nus, affronter les serpents, fuir les abeilles (…), pendant que Canetor sirote, lui, bien au chaud au coin du feu. La blague a mal tourné. Mieux vaut alors feindre l’indifférence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dédicacé en préface à l’un des auteurs Charlie Schlingo (1955-2005), ce titre fut son dernier. Toutes les histoires proposées sont en effet signées de Pirus ET Schlingo, exceptée la dernière du seul Pirus, composée en hommage à son compère qui ne reviendra plus qu’en rêve nous divertir… Bel hommage donc, belle sortie aussi. Car les aventures de Canetor avaient sous sa plume un certain génie. A la manière des meilleurs strips US, Schlingo savait intéresser avec trois fois rien. Qui est Canetor ? Un canard bien sûr, mais un canard avec un caractère bien trempé, une vraie personnalité de « vrai faux héros » lambda à qui l’on s’attache vite. Très vite ! Autour du canard, balayeur de son état, gravite une sœur – la Canetorine – une amoureuse – la Canetorette – et une galerie d’autres personnages tous bien campés. Chacun possède de fait une identité appréciable, un trait personnel qui les individualise. La passion florale de la Canetorette ou les dictons fourre-tout de la Canetorine, pour exemples. Ces personnages de plus évoluent au fil des pages. Construit sur un comique de répétition comme de situation, les aventures au quotidien de Canetor progressent cependant toujours plus avant. Si l’on attend – avec une certaine jouissance d’ailleurs – les invariables constitutifs des personnages, l’univers ne cesse de grandir et ses habitants de même. Schlingo orchestre de main de maître tout son petit monde. Carré, le dessin proposé par Michel Pirus (le Roi des mouches) l’est aussi. Dessiné « à la règle et au compas », les planches en damier – de six cases chacune – s’avèrent pourtant agréables et, surtout, parfaitement en phase avec la narration. Le duo Pirus et Schlingo, tous deux auteurs confirmés sachant écrire comme crayonner, formait sur cet album une vraie belle paire. Reverra-t-on notre vilain petit canard tout noir ? Sous la plume du seul Pirus ? Il serait dommage qu’il en soit autrement…