L'histoire :
Franky et Nicole, c’est un recueil qui compile les délires dessinés d’auteurs alternatifs :
Dyson Burger : Dans un fast-food, trois ados mangent leurs burgers et sodas. L’un d’eux propose d’aller à la plage. Ça n’emballe personne, il faut dire que c’est devenu le repaire des putes et des toxicos du coin. Dans la ville, le moral n’est pas non plus au beau fixe, deux meufs viennent de clamser. Il s’agit de Debra Novak, 16 ans, et de Jennifer Lee, 15 ans, retrouvées mortes dans le Stade municipal. Le soir, alors que Pol se balade dans un parc, il assiste au meurtre d’un jeune homme. Dans la foulée, le meurtrier est liquidé à coup de batte de base-ball par un autre homme. Pol reste prostrée contre un arbre face à cette violence.
Sexy Caniche : Une mémère partage son quotidien avec un compagnon à poil : Nougat, un caniche violet. Elle fête son anniversaire, lui fait des gratouilles… Un soir, le journal TV annonce une recrudescence de kidnappings de caniches sur le territoire français. Remplie de tristesse, elle décide de faire un cadeau à l’animal de sa vie. Elle commande donc sur Internet une super pâté KNX Ultra Plus. Elle reçoit sa commande et donne de la pâté à Nougat. Nougat en mange et devient un homme-caniche. Il fait danser sa maîtresse, la baise en levrette, se fait sucer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Franky et Nicole (tome 1 chez les Requins Marteaux) et Nicole et Franky (tome 2 chez Cornélius), revoici l'alternance respectée : Franky et Nicole (tome 3 chez les Requins). Derrière ces deux prénoms à la ringardise assumée, se cache un mix d’histoires (de cul, la plupart du temps) aux méthodes scénaristiques et graphiques pas toujours très orthodoxes, entrecoupées de pubs drôlement déconcertantes (le Spermomètre pour découvrir si la sauce blanche de votre kebab contient de la semence masculine). C’est un peu un fourre-tout où l’on a à boire et à manger. Le super caniche-niqueur de sa maîtresse (signé Mr Kern) est particulièrement malsain. L’histoire de serial killer d’Antoine Maillard se rapproche du type de récits que l’on peut lire dans certain comics (type Adrian Tomine). L’enduis de crème sur la plage de Wassim Boutaleb est marrant. Les planches signées Alexis Beauclair sont graphiquement très intéressantes. En revanche, pour d’autres, c’est un vaste capharnaüm narratif. À force d’ouvrir les vannes de la liberté d’expression créatrice, certaines histoires sont justes des délires que seuls les auteurs peuvent comprendre. Tous ont en point commun des histoires avec des bites, des chattes et des culs (après tout, c’est l’été). C’est souvent du grand n’importe quoi, mais ça a le mérite d’être déconcertant et bien subversif. Que l’on aime ou pas Franky et Nicole, ce genre d’OVNI a un rôle essentiel dans le monde éditorial d'aujourd'hui où le fondamentalisme et le politiquement correct gagnent du terrain.