L'histoire :
Assise au bout d’un ponton, Kanerva pêche à la ligne dans un lac. Son copain Eero l’observe avec une vieille longue vue, depuis le pré voisin. Or soudain, Kanerva est entraînée dans l’eau par une puissante traction venue du fond de l’eau. Tandis qu’Eero se précipite, Kanerva démêle sa ligne d’algue et découvre circonspecte le minuscule poisson accroché à son hameçon. Elle n’a pas vu que la véritable proie est un gros brochet, qui se met à la courser sous l’eau. Kanerva nage de toutes ses forces, mais le brochet attrape sa botte avec sa mâchoire. Kanerva s’arrête et tente de récupérer son bien. Il lui faudra appâter le brochet avec le précédent minuscule poisson pour y parvenir. Bref, quand Eero extirpe Kanerva de l’eau, elle est inanimée. Il lui fait donc du bouche-à-bouche. Kanerva en profite pour réclamer un bisou… Eero rejoint vexé le chalet. Il annonce à Kanerva que sa cousine germaine Milla y sera. Kanerva est un peu jalouse et préfère ne pas la saluer. La nuit suivante, elle enfile un masque de sorcière et décide d’aller espionner sous la tente d’Eero et Milla…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement à nombre récits des Requins Marteaux, celui-ci est ultra accessible, naïf, enfantin, réellement tout public. Mmmmh… ça cache quelque chose, non ? Effectivement, une double lecture est possible, lorsqu’on traduit le quotidien au premier degré, sans grand intérêt, de Kanerva, à l’aune du passage à l’âge adulte. En effet, lorsque cette gamine découvre que la cousine de son pote bénéficie d’une proximité qu’elle n’a pas, le sentiment de jalousie la dévore et elle franchit un lac pour rejoindre son amour naissant. Oui, bon. Certes. Cette traduction métaphorique faite, on ne peut que trouver ce scénario sans grand intérêt quand même. Le rythme lent et décalé n’emballe jamais, la démonstration tourne court et la finalité reste à découvrir. L’auteur finlandais Petteri Tikkanen montre toutefois une griffe stylisée plutôt au point, ici imprégnée d’une bichromie bleue d’un autre âge, qui pique un peu les yeux. On se croirait en train de feuilleter les illustrations en marge des livres de grammaires des années 50. Ni tout à fait pour les enfants (finalement), ni capable d’émoustiller tout à fait les adultes, ce petit livre souple aura bien du mal à trouver un public…