L'histoire :
Une bibliothèque pleine de bouquins. Des références littéraires : Platon, Heidegger, H.G. Wells (…) et un ovni intitulé Le futur est derrière nous. Lorsque l’on bascule l’ouvrage en question, la bibliothèque coulisse et laisse apparaître une pièce secrète. Un poste et quatre écrans de contrôle y trônent. Sur l’un des écrans, un jeune homme y fait du skate, slalomant entre les véhicules de la rue principale. L’adolescent finit par heurter un passant. Momie au cerveau hypertrophié, l’individu l’excuse, lui parle d’un certain magicien dont il ne faut approcher du château. L’adolescent poursuit sa route. Arrivé au « Maklove » du coin – un resto rapide – il flash sur l’employée et l’embarque pour une virée sous les étoiles. Cindydy qu’elle s’appelle. D’origine sexuelle, qu’elle lui dit. Cool ! répond-t-il. Peut-être vieilliront-ils ensemble ? Leur futur est derrière eux. Car s’il était devant, ils le verraient arriver…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce titre publié au deuxième trimestre de l’année passée (2007) n’est pas à proprement dit une bande dessinée. Enfin, en son ensemble. Son auteur « principal » - responsable du contenu serait un terme peut-être plus juste – se fait appeler « le Gentil garçon ». Artiste contemporain et éclectique, il dessine, écrit, peint, sculpte, joue (de la musique)… Tout cela ou en partie seulement. Bref, il n’entre pas dans une case et l’idée lui plaît. Son œuvre « répugne à suivre une ligne directrice formelle, thématique ou conceptuelle. C’est une idée bourgeoise de l’art, elle facilite son étiquetage et sa mise en marché » (p.55). L’idée est vraie, en partie encore car elle est facile. Si la marginalité et l’originalité sont appréciables, être audible et compréhensible l’est aussi, non ? Passons maintenant à l’ouverture qui nous concerne. Sur près de 200 pages, les 50 premières présente un récit complet de Morgan Navarro. Le jeune auteur, coutumier des Requins marteaux, met en scène une intrigue surnaturelle, mariant horreur, fantastique et fantasme sexuel. L’idée directrice – Eh oui, il y en a une et on l’apprécie – tourne autour d’un magicien vivant éternellement aux dépens des vivants à qui il vole leurs visions singulières pour les donner aux morts. Vous n’avez rien compris ? Peut-être faîtes-vous partie de ces vivants « vampirisés ». Peut-être aussi pourriez-vous lire la bande dessinée. Graphiquement, c’est assez pauvre mais d’une facture honnête. Morgan Navarro possède peut-être ce « trait décomplexé de ceux qui non plus à prouver qu’ils savent dessiner » (dixit le Gentil garçon), il n’en demeure pas moins qu’on est loin d’un Gibrat. Le propos n’est pas là, me direz-vous, et vous aurez raison. Le futur est derrière nous car on ne le voit pas venir : tout un programme.